Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/99

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

elle demeura l’unique soutien de sa mère et de deux enfants issus de son second mariage. Il fallut quitter le doux ciel de la patrie. L’Italie lui offrait des chances moins funestes que celles que lui présentait la France ; elle partit donc pour Lucques, où, malgré son jeune âge, elle venait d’être nommée directrice des études à l’institut Élisa, et elle y passa au sein d’une retraite austère, ce qu’on est convenu d’appeler les belles années de la jeunesse. Ce fut là qu’elle devint poëte, que son imagination, nourrie de la lecture des écrivains de l’antiquité, se réveilla, et que son ancienne passion de nouveau s’empara d’elle avec une ardeur qui ne s’est jamais entièrement ralentie. Loin de tout ce qu’elle avait aimé, ses jours coulaient dans un triste isolement, lorsqu’elle fut nommée dame de compagnie et institutrice de la fille d’une princesse régnante. Cependant, le mauvais état de sa santé vint mettre obstacle à ce changement de position. Le médecin de la cour lui ordonna des voyages, la princesse consentit à son départ et la confia à une de ses amies. Tout semblait sourire à Mlle Desperrières et déjà brillait pour elle l’espoir d’un meilleur avenir, lorsque soudain de grands revers vinrent frapper la femme assise sur un trône ; Mlle Desperrières sentit le contre-coup du brisement de l’existence de la souveraine, et, dès lors, une carrière toute de vicissitudes s’ouvrit devant elle, et vint paralyser ses courageux efforts. Tant de chagrins accumulés détruisirent complètement la santé de notre auteur, aussi les poésies de Mme Désormery, empreintes d’un charme, d’une suavité que les mots ne peuvent rendre, bien que toutes conçues à cette époque, ne nous peignent-elles point les illusions des premières années de la vie, ou les antiques souvenirs des lieux qu’elle parcourait ; chacune porte le cachet d’une souffrance intime ; c’est