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Alegambe ne se contenta pas de reproduire l’œuvre du père Ribadeneira ; il la compléta depuis l’année 1608, époque de son apparition jusqu’à l’année 1642 ; il y ajouta en outre des notices biographiques sur les hommes les plus remarquables de la compagnie et termina l’ouvrage par une liste des jésuites martyrisés pour la défense de la foi.

Sa préface nous fait connaître que, dans cette nouvelle édition, il compléta les indications bibliographiques de chaque ouvrage, en ce qui concerne le format, le lieu et la date de l’impression. Il y ajouta l’éloge des écrivains décédés depuis 1608, ainsi qu’un grand nombre de noms d’auteurs nouveaux, accueillant dans ce vaste répertoire ceux même qui n’avaient publié que des choses insignifiantes, afin d’échapper, dit-il lui-même, au reproche de paraître incomplet. Du reste, il déclare s’être fait une loi de prendre partout Ribadeneira pour guide.

Le père N. Southwell en publia une troisième édition considérablement augmentée, à Rome, en 1675 ; in-fol.

On sait que les frères De Backer, de la Compagnie de Jésus, ont repris cette œuvre difficile en 1853, pour la conduire jusqu’à ce jour : déjà sept volumes in-8o en ont paru.

Alegambe est encore auteur des ouvrages suivants :

1o De Vita et Moribus P. Johannis Cardini Lusitani. Romæ, 1645, 185 pages. Réimprimé à Anvers en 1646, à Munich en 1646, et à Rome en 1649.

2o Mortes illustres et gesta eorum de Societate Jesu, etc. Romæ, 1657 ; in fol., 716 pages.

3o Heroes et Victimæ charitatis Societatis Jesu, etc. Romæ, 1658 ; in-4o, 568 pages.

Bon de Saint-Genois.

De Backer, Bibliothèque des écrivains de la Compagnie de Jésus, t. I, p. 10. — Foppens, Bibliotheca latina, t. II, p. 1022. — Paquot, Mém. litt., in-8o, t. IX. — Nicéron, t. XXXIV, p. 184.

ALEN (André) ou ALENUS, poëte, né à Herck-la-Ville, au commencement du xvie siècle, mort à Hasselt le 30 juillet 1578.

Après avoir dirigé, pendant plusieurs années, l’école latine de sa ville natale, il obtint, jeune encore, l’emploi de recteur d’un collége public qu’on venait de fonder au chef-lieu actuel du Limbourg belge. Il remplit ces fonctions avec tant de succès que plusieurs familles notables et influentes des Pays-Bas le chargèrent de l’éducation de leurs enfants. Il connaissait très-bien le latin et le grec, et de nombreux passages de ses Héroïdes sacrées révèlent une érudition biblique peu commune. Jouissant « d’appointements honnêtes » (honesto honorario), il parcourut et termina sa paisible carrière entouré du respect et de la reconnaissance de ses concitoyens. Il y a quelques années, on lisait encore, à l’église paroissiale de Saint-Quentin de Hasselt, lieu de sa sépulture, l’épitaphe qu’il avait lui-même composée et qui ne brillait pas précisément par une modestie excessive :

HIC CUBAT ANDREAS MUSARUM CULTOR ALENUS,

QUI DOCUIT PUEROS NON SINE LAUDE DIU.
UT REQUIES ANIMÆ COELESTI DETUR IN ARCE,

EXOPTAT, ROGITES, LECTOR AMICE, DEUM.

Alen a laissé un recueil de poésies latines intitulé : Sacrarum Heroidum libri tres : in quibus prœter alia plurima, quœ ad intelligendas Veteris et Novi Testamenti historias et pietatis incrementum conferunt, studiosœ juventuti utilia scituque dignissima continentur. Auctore Andrea Aleno, Eburone. Lovanii, Rutg. Velpius, 1574 ; in-8o. Paquot dit au sujet de ce livre : « Ce sont des lettres en vers élégiaques sous le nom de la plupart des saints et des saintes de l’Ancien et du Nouveau-Testament… Alenus s’est proposé pour modèle les Héroïdes d’Ovide ; mais il est fort au-dessous de l’οriginal. » Pour être complétement juste, le biographe aurait dû ajouter que, tout en restant au-dessous de son glorieux modèle du siècle d’Auguste, Alen se distinguait par des qualités estimables, notamment par une érudition étendue et une latinité généralement pure. Quelques-unes de ses épîtres, entre autres celle de Noémi à Booz, se font remarquer par une naïveté pleine de charme. Il est vrai que cette naïveté est parfois poussée trop loin, par exemple, dans les remontrances d’Ève à Caïn, où la mère du genre humain déclare que, quoique peu habituée à écrire, elle se voit forcée de