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par la douleur, il finit par embrasser, avec toute sa famille, la foi nouvelle.

Quoi qu’il en soit des détails de la légende, l’historique donné en est vrai, et le tombeau de sainte Alène, qui ne porte pour toute épitaphe que le nom de la jeune martyre, subsiste encore aujourd’hui à Forêt, près de Bruxelles. La légende de sainte Alène a inspiré à un poëte belge quelques vers qui ne sont pas dépourvus de sentiment (Lemayeur, Gloire Belgique, chant 1er.). Le culte de sainte Alène est encore populaire à Bruxelles, et son tombeau devient, le dimanche avant la Saint-Jean, un but de pèlerinage, d’agrément ou de piété.

Eugène Coemans

Acta SS. Junii, t. III, p. 388. — Acta SS. Belgii, t. III, p. 380. — Molanus, Nat. SS. Belgii, p. 119.

ALER (Paul), poëte, orateur, naquit le 9 novembre 1656 avec son frère jumeau Pierre Aler, à Saint-Vith (ancien Luxembourg) et non à Luxembourg, comme le dit De Backer ; il décéda en 1727. Promu, l’an 1676, au grade de maître ès-arts à Cologne, il enseigna la philosophie dans cette ville, au collége des Trois-Couronnes, entra dans l’ordre des Jesuites le 2 février 1691, attira les personnes les plus considérables au pied de sa chaire d’éloquence et devint professeur de théologie morale. En 1701, il reçut le bonnet de docteur en théologie à Trèves, exerça, pendant dix ans, les fonctions de recteur du collége des Trois-Couronnes, à Cologne, pour passer dans la même qualité au collége de Munstereifel et successivement dans ceux d’Aix-la-Chapelle, de Trèves et de Juliers. Frappé d’une attaque d’apoplexie dans cette dernière ville, il vécut encore deux ans, qu’il consacra à des exercices de piété, et mourut à l’âge de 70 ans, le 2 mai 1727, à Duren, où il fut enterré avec son frère Pierre.

Aler, petit de taille, était doué d’une grande énergie et d’une étonnante aptitude au travail. Il construisit, au collége de Cologne, un beau théâtre où il fit représenter ses propres tragédies latines tirées de l’Écriture sainte et de l’histoire ecclésiastique. Il fit aussi représenter des opéras et donna une grande impulsion à la musique chorale. Ses innovations hardies lui attirèrent des adversaires, mais il obtint du tribunal de la Rote, à Rome, pleine satisfaction. Ses ennemis furent condamnés à révoquer publiquement leurs calomnies, et le père Aler renonça à la somme de 1,000 florins d’or qui lui avait été adjugée à titre de réparation. Paquot, dans ses Mémoires, fait le recensement de trente-trois ouvrages dus à la plume élégante d’Aler. De Backer y ajoute, dans son septième volume, de nouvelles œuvres, mais conteste à Aler la paternité du fameaux Gradus ad Parnassum qu’Aler n’aurait fait que recorriger, en l’affublant de son nouveau titre poétique. Les œuvres d’Aler sont en grande partie des drames, des tragédies, des pièces de circonstance écrites en latin, sauf la tragédie des Machabées, composée en allemand. Il a aussi publié un cours complet de philosophie, un cours de poésie et l’un des meilleurs dictionnaires allemand-latin. Aler peut passer pour l’un des plus zélés instructeurs de la jeunesse.

A. de Noue.

Hartzheim, Bibl. Col., pp. 263-265. — Hontheim, Hist. Trevirensis, t. III, pp. 213-230. — Paquot, Mém. litt., in-8o, t. XII, p. 132. — De Backer, tt. I et VII.

ALEXANDRE Ier, évêque de Liége, mort en 1135. L’histoire des principautés ecclésiastiques, au moyen âge, offre à chaque page le plus bizarre mélange du sacré avec le profane. La puissance temporelle attachée à la dignité épiscopale excitait des convoitises nombreuses, et les ambitions politiques se disputaient souvent à main armée la possession de la mitre souveraine. L’un des compétiteurs les plus acharnés du siége de Liége fut assurément Alexandre Ier. Rien de moins édifiant que ses efforts réitérés pour réussir.

Alexandre, fils du comte de Juliers, était archidiacre de Saint-Lambert, lorsqu’à la mort d’Obert (1119), il tenta pour la première fois d’emporter de vive force le siége devenu vacant. S’étant fait élire par le peuple, il acheta l’investiture de l’empereur Henri V, au prix de 7,000 livres. Malheureusement ce prince venait lui-même d’encourir l’excommunication, et le chapitre déclara nulle l’élection populaire. Alexandre eut recours à