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les propres à la méditation et à la prière. Il fit plus. Il annonça qu’il tiendrait en plein champ, à Wulvergem, village situé à mi-chemin entre Messine et Warneton, un prêche aux flambeaux dans la soirée du 11 juin 1566. Cette tentative ayant été couronnée d’un succès inattendu, il ouvrit plus hardiment l’ère des assemblées embastonnées, comme l’on disait alors, dont Herman Modet et quelques autres devaient tirer un si grand parti et perfectionner l’organisation jusqu’à en faire des camps retranchés et, au retour dans les villes, de véritables marches triomphales. Algoet aurait « épousé une femme mariée d’Ypres avec laquelle il avait vécu de vie scandaleuse fort longtemps. » C’est le moine de Clairmarais qui le dit. Si le fait avait été exact, il est à supposer que les inquisiteurs n’auraient pas manqué d’en faire mention dans leurs rapports ou dans leurs sentences : or, l’on n’y trouve rien de pareil. Chose bien autrement grave et beaucoup plus certaine, c’est que les bâtons, dont les auditeurs d’Algoet étaient toujours munis pour le défendre au besoin, servirent plus d’une fois, à l’issue de ses sermons, à tout briser à l’intérieur des églises. Des dévastations de ce genre commises, au mois d’août 1566, à Ingelmunster, à Dadizeele, à Iseghem et à Emelghem, lui sont toutes officiellement attribuées. Son dernier exploit de l’espèce, et qui démontre chez lui une audace assez rare, fut de s’emparer de l’église de Notre-Dame de Briele, aux portes de la ville d’Ypres. Quelques mois plus tard, en février 1567, Algoet avait perdu toute influence et tout prestige, et il s’estimait heureux de pouvoir se sauver en Angleterre avec les plus compromis d’entre ses partisans. Il s’en vint grossir les rangs de l’émigration flamande qui comptait, à Norwich, plusieurs milliers de calvinistes et deux pasteurs, Ysbrand Balk, dit Trabius, et Charles Ryckewaert, dit Théophile. Au bout de quatre années vouées à la prédication et à l’étude, son exaltation de moine défroqué reparut. Il eut avec des collègues des disputes tellement vives que l’évêque anglican crut de son devoir d’intervenir. Les trois pasteurs furent suspendus et leur consistoire dissous. Algoet fut le seul d’entre eux qui, plus tard, ne reçut point d’autre emploi. Il serait presque impossible de dire quelle part lui revient dans les ouvrages de polémique religieuse publiés de 1567 à 1572, sous l’inspiration et très-probablement aux frais de l’Église flamande de Norwich. Nous en avons vu quelques-uns, et ils ne nous ont rien appris. Le commerce épistolaire qu’Algoet entretint avec Ballinger[1], le réformateur de Zurich, permet tout au plus de supposer qu’il fut le traducteur du traité intitulé : Somma der Christelyke Religie van Ballinger[2], imprimé à Norwich par Antoine Solen.

C. A.. Rahlenbeek.

Arch. du Royaume, à Bruxelles, Chambre des Comptes, t. XXXVI et CXI.Annales de la Société d’Émulation de la Flandre, t. II. — J.-S. Burn’s History of the foreign réfugiés, etc., in England. Lond., 1816. 1 vol in-8o — Bibl. de Mons, Catalogue des faulx prophètes de la Flandre, par Jean Balliu, religieux de Clermaretz : Ms. no 8446. — Bydrage tot de oudheidkunde en geschiedenis, enz, van Zeeuwsch-Vlaanderen, deel II (Voir de Hervormde Vlugtelingen van Yperen in Engeland), door H.-Q. Janssen. — Musée brit. à Londres Landsw. Ms. Burgley’s papers, t. II et III.

ALGOET (Liévin), géographe, mathématicien, poëte, philologue, né à Gand, mort en 1547. Voir Goethals (Liévin).

ALIX DE LOUVAIN vivait au xiie siècle. Parmi les catastrophes qui signalèrent le premier siècle de la conquête normande en Angleterre, une des plus terribles sans contredit fut la mort tragique et prématurée de Guillaume, unique héritier légitime du roi Henri Ier. Ce jeune prince, qui, déjà solennellement agréé par les barons normands pour successeur de son père, avait le privilége d’être né sur le sol anglais et d’être issu d’une princesse anglo-saxonne, et qui rattachait ainsi par son berceau et par sa mère la race conquérante à la race conquise, avait péri misérablement dans un naufrage durant la nuit du 24 an 25 novembre 1120.

Le roi étant veuf et ne possédant plus d’autre enfant légitime qu’une fille, Mathilde, épouse de Henri V, empereur d’Allemagne, fut longtemps en proie à un morne désespoir. Cependant, quoiqu’il approchât déjà de la vieillesse, il voulut se remarier, espérant se créer une

  1. ERRATA ET RECTIFICATIONS DU Ier VOLUME : au lieu de : Ballinger, lisez : Bullinger.
  2. ERRATA ET RECTIFICATIONS DU Ier VOLUME : au lieu de : Ballinger, lisez : Bullinger.