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envoyé en ambassade auprès de l’empereur Ferdinand III pour solliciter son appui contre les Suédois avec qui le Danemark était en guerre. Aranda, pour éviter l’armée ennemie, prit son chemin par la Pologne et négocia si habilement auprès de l’Empereur que celui-ci accorda le secours demandé et combla l’ambassadeur de marques de bienveillance. Sur ces entrefaites, Christiern vint à mourir et eut pour successeur le roi Frédéric dont le gouvernement despotique fit éclater des troubles graves en Danemark. Uhlfeld ayant été disgracié à la suite d’un traité conclu, en 1649, avec les Provinces-Unies, se tourna contre son pays et s’engagea dans l’armée suédoise. Bernard de Aranda ne voulut point suivre sa fortune et rentra en Flandre. Il y resta peu de temps et partit, en 1650, pour l’Italie, en compagnie de deux, artistes dont il s’était constitué le protecteur et qui dessinèrent pour lui un grand nombre de monuments et de vues dans ce pays. Cultivant lui-même les arts, il savait en apprécier tous les avantages. Toutefois, il ne put résister aux ardeurs de ce climat. Il tomba malade et revint dans sa patrie dans l’espoir d’y rétablir sa santé. Mais se voyant bientôt abandonné de son médecin, il partit pour Hambourg, où il avait appris qu’un docteur renommé opérait des cures merveilleuses. A son arrivée, il apprit que ce dernier était parti à la suite des armées suédoises. Sans se décourager, il alla le chercher sous les murs de Cronstadt, assiégé par le comte d’Uhlfeld, mais il y succomba entre les bras de son ancien ami en septembre 1658, âgé de 51 ans.

Bernard de Aranda, dont la vie avait été fort remplie, était un homme de cœur et d’énergie qui savait plusieurs langues, possédait des connaissances variées, et semblait né pour passer sa vie dans les cours.

Bon de Saint-Genois.

Bon de Saint-Genois, Voyageurs belges. — Biographie de la Flandre occidentale.

ARANDA (Emmanuel DE ou D’), voyageur, poëte et historien, né à Bruges en 1612 ou 1614, mort vers 1686, descendait d’une famille espagnole, établie à Bruges et dont un membre semble avoir rempli dans cette ville, au xve siècle, les fonctions de consul et y être resté. Quoi qu’il en soit, le nom de Aranda se trouve mêlé pendant deux siècles aux fastes consulaires de Bruges ; il ne s’éteignit qu’en 1759, dans la personne de Louis de Aranda, greffier au conseil de Flandre.

Cette famille portait pour devise : Virtus aranda !

Emmanuel de Aranda était fils de don Francisco, consul de la nation espagnole, et d’Anne van Zeveren.

D’après la légende qui entoure son portrait, en tête de sa Relation, c’est bien en 1614 qu’il naquit. Il alla faire ses études à Louvain et y obtint le grade de docteur en droit. Il quitta Bruges, sa ville natale, en avril 1640, dans l’intention de visiter l’Espagne, le berceau de ses ancêtres, et d’y apprendre la noble langue castillane, qui était alors l’idiome en vogue dans toute l’Europe. Il eut pour compagnons de voyage son médecin R. Saldens, d’Oostcamp, J.-B. Van Caloen, de Bruges, et le chevalier Philippe de Cerf, de Furnes, depuis bourgmestre de cette ville. Il se rendit d’abord en Angleterre et se dirigea de là sur l’Espagne, où il débarqua à San-Lucar de Barrameda. Après avoir séjourné pendant une année dans la péninsule ibérique, il résolut de retourner en Flandre et prit passage, à cet effet, sur un navire en partance dans le port de Saint-Sébastien, choisissant de préférence ce lieu d’embarquement pour éviter la chasse des pirates qui infestaient alors les côtes de l’Andalousie et du Portugal, et pour avoir aussi, en même temps, l’occasion de voir la Vieille-Castille et la Biscaye.

Comme son navire était à la hauteur des côtes de Bretagne, où depuis sept jours le retenaient des vents contraires, il fut abordé par deux bâtiments que montaient des corsaires algériens. L’équipage, surpris à l’improviste par l’incurie d’un capitaine anglais qui le commandait, dut se rendre sans coup férir, et le pauvre Aranda fut conduit captif avec ses compagnons sur l’un des bâtiments ennemis qui cingla directement vers Alger. La plus dure des captivités y attendait nos voyageurs.

Dans la relation qu’il nous a laissée de