Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 1.djvu/248

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prises, je n’aurois certainement jamais réussi ; à présent on peut regarder cette affaire comme entièrement terminée[1] » Le subside fut en effet voté par les états de Flandre et par ceux de toutes les autres provinces.

Depuis 1723 (18 octobre), le duc d’Arenberg était général d’artillerie. La guerre s’étant rallumée, à la fin de 1733, entre l’Empereur et Louis XV, il fut désigné pour servir à l’armée du Rhin que le prince Eugène commandait en chef. La campagne ne fut pas brillante pour les troupes impériales, qui ne purent empêcher les Français de se rendre maîtres de Philipsbourg. L’année 1734 vit la paix rétablie entre les deux couronnes.

Charles VI, qui, en 1732 (13 décembre), avait fait le duc capitaine de ses trabans, le fit, en 1736 (17 février), conseiller d’État intime actuel. En 1737 (23 février), il lui confia le poste important de commandant en chef des troupes aux Pays-Bas ; la même année (20 mai), il l’éleva à la plus haute dignité militaire de l’Empire, celle de feld-maréchal.

Les événements qui suivirent la mort de ce monarque fournirent à Léopold d’Arenberg des occasions de justifier les grâces qu’il en avait reçues. Au mois d’avril 1742, Marie-Thérèse l’envoya à la Haye et à Londres avec le titre d’ambassadeur extraordinaire et de ministre plénipotentiaire : il s’agissait de resserrer son alliance avec les Provinces-Unies et de convenir, avec le roi de la Grande-Bretagne, des secours qu’il lui ferait passer. Le duc réussit dans cette double mission : le 14 mai, il conclut, à la Haye, avec lord Stair, ambassadeur de Georges II, une convention réglant tout ce qui concernait les quartiers, les logements et l’entretien des troupes anglaises durant le séjour qu’elles feraient aux Pays-Bas ; il s’entendit plus tard avec le roi et ses ministres sur le chiffre de ces troupes. Georges II aurait voulu attaquer la France par sa frontière du nord, qui était en ce moment dégarnie ; il espérait s’emparer de Dunkerque : le duc, suivant les instructions de Marie-Thérèse, le persuada d’agir contre l’armée française qui était dans l’Empire. Au commencement de 1743, les troupes anglaises qui venaient de débarquer à Ostende, et les troupes autrichiennes qu’il y avait aux Pays-Bas, prirent le chemin de l’Allemagne ; lord Stair commandait les premières, le duc d’Arenberg les secondes. Celui-ci passa le Rhin, le 4 avril, à Neuwied ; à Zingering, il reçut un renfort de quatre mille hommes que lui amena le général Palfy : il se porta alors sur le Mein, où il fit sa jonction avec le corps de lord Stair. L’armée alliée étant réunie, le roi Georges II vint se mettre à sa tête, et, le 27 juin, elle remporta une victoire complète sur les Français à Dettingen, victoire dont l’honneur revint principalement au duc d’Arenberg, qui fut blessé dans l’action. Georges II avait été témoin de sa bravoure, de l’habileté dont il avait fait preuve ; il voulut montrer combien il les appréciait : ayant quitté l’armée le 1er octobre, pour se rendre dans ses États de Hanovre, ce fut à lui qu’il en remit le commandement. La campagne se termina bientôt après, et le duc, ayant fait repasser le Rhin à ses troupes, leur assigna des quartiers d’hiver ; ensuite il partit pour Vienne.

Au commencement de 1744, Marie-Thérèse lui donna une nouvelle mission en Hollande et en Angleterre. Des conférences devant être tenues à Londres pour arrêter le plan de la prochaine campagne, Georges II lui-même avait demandé que la reine s’y fit représenter par le duc d’Arenberg, à cause de la popularité que lui avait acquise, dans l’armée et dans la nation, sa conduite à la bataille de Dettingen, et de la confiance que l’une et l’autre plaçaient dans ses talents militaires. Il quitta Vienne le 12 février, emportant une précieuse marque de l’estime et de la bienveillance de sa souveraine : dans son audience de congé, Marie-Thérèse lui avait fait présent d’une canne garnie de diamants d’une grande valeur. A Londres, ainsi qu’à la Haye, il reçut un accueil dont il eut lieu d’être flatté ; mais il ne put empêcher qu’une partie des troupes anglaises qui étaient sur le continent ne fussent rappelées dans leur pays. Cette mesure eut des conséquences

  1. Lettre du 25 septembre 1725. (Archives du royaume.)