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l’autre part, il fallut de prodiges de courage et d’énergie pour venir à bout de l’entreprise où l’on s’était engagé.

Le 1er août fut désigné pour un assaut général. Deux tours mouvantes, l’une construite par les Flamands, l’autre par les Anglais, s’avancèrent vers les murs, et les navires s’approchèrent des remparts pour y abattre leurs ponts volants. Mais, en ce moment, les Sarrasins opérèrent une vigoureuse sortie, refoulèrent les chrétiens et détruisirent au moyen du feu grégeois la tour des Anglais, ainsi qu’une grande galerie de sape établie par les Flamands pour pratiquer une brèche dans l’enceinte de la place.

Ce désastre anéantissait les travaux d’un mois entier. Cependant, grâce à l’héroïque sang-froid d’Arnulf et du roi Alphonse, les assiégeants ne se découragèrent point. Ils parvinrent à rétablir leur galerie de sape et à miner une partie des remparts, malgré les efforts que la garnison mit en œuvre pour détruire ce travail, et les fréquentes sorties qu’elle ne cessait d’opérer.

Dans ces entrefaites, la famine commença à sévir parmi les assiégés, qui, cernés de toutes parts, se virent bientôt réduits à se nourrir de la chair de cheval et même de chien. Toutefois l’acharnement qu’ils mettaient à se défendre n’en fut pas diminué. En effet, lorsque, dans la journée du 15 octobre, les croisés essayèrent de s’emparer de la ville par une brèche de deux cents pieds de large que la mine avait ouverte durant la nuit précédente, ils se virent inopinément arrêtés par un nouveau retranchement formé à la hâte et garni d’archers et d’une multitude de machines de trait. Repoussés avec une perte considérable, malgré la vigueur de l’attaque, ils étaient près de se livrer au découragement. Mais, quelques jours plus tard, ils se trouvèrent en mesure de tenter un nouvel assaut, un habile architecte pisan ayant achevé de construire une tour mouvante plus haute et plus solide que celle que les Sarrasins avaient brûlée. Le 21 octobre, cette formidable machine, protégée par des peaux de bœufs contre les atteintes du feu grégeois, s’approche lentement de la brèche dont tous les défenseurs tombent sous la grêle épaisse de traits et de flèches que les archers et les arbalétriers flamands et allemands ne cessent de leur lancer. De partielle qu’elle a été pendant quelque temps, l’attaque ne tarde pas à devenir générale. Elle est si furieuse et si bien conduite que les assiégés cèdent de toute part. Reconnaissant bientôt l’impossibilité de continuer la résistance, ils demandent enfin à capituler, et les croisés leur accordent la vie sauve et la liberté de sortir de la place, mais sans pouvoir emporter une arme ni rien de ce qui leur appartient. S’il faut en croire une ancienne légende castillane, le commandant musulman de Lisbonne, appelé Banalmasar, confessa, dans cette circonstance, la supériorité du Dieu des croisés et embrassa le christianisme. Quoi qu’il en soit, ceux-ci trouvèrent dans la ville un butin si considérable que beaucoup d’entre eux se fixèrent en Portugal : fait qui nous explique l’existence dans cette contrée, d’un grand nombre de noms de famille dont l’origine est évidemment flamande ou allemande. Un de nos historiens les plus compétents, M. le baron Kervyn de Lettenhove, s’en autorise même pour voir dans le nom du bourg de Villaverde un souvenir des croix vertes que portaient les croisés belges.

L’année de la naissance et celle de la mort d’Arnulf d’Arschot nous sont inconnues. L’histoire ne nous fournit sur la biographie de ce personnage aucun autre détail que la brillante expédition dont il fut le connétable et qui assura au nouveau royaume de Portugal la possession de sa capitale Lisbonne.

André Van Hasselt.

Epistola Arnulfi ad Milonem, epicopum Morinorum, ap. Martène et Durand, Amplissima Collect. t. I, p. 800. — Epistola Dodecheni abbatis, ap. Pistorium, Rerum germanic scriptor., t. I, p. 676. — Helmondi Chronic. Slavor., lib. I, cap. 61, ap. Leibnitz, Scriptor. Brunsv., t. II, p. 588. — Henric Huntingdon, Histor., lib. VIII, ap. Savil, Rerum anglicar. scriptor., p. 169-228. — Romancero castellano, edit. de Depping, t. I, n. 201, comp. n. 202 et 203.

ARSENE, dit DE LIÉGE, camérier du pape Eugène IV, président de la congrégation italienne de Sainte-Justine, abbé de Sainte-Marie de Florence et de Saint-Paul de Urbe, naquit vers l’an 1400,