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couvrir les mineurs chargés de porter la sape sous les remparts. Le même seigneur et son frère furent probablement aussi aux côtés de Godefroid de Bouillon lorsque ce prince, assisté de Raymond de Toulouse et d’Hugues de Vermandois, dégagea, dans la vallée de Gorgon, près de Dorylée, le corps d’armée de Bohémond de Tarente, de Robert de Normandie, d’Étienne de Blois, de Tancrède et d’Hugues de Saint-Pol, cerné par l’ennemi et déjà en partie écrasé.

Les deux chevaliers belges prirent part à la marche si pénible et si désastreuse que l’armée accomplit à travers la Bithynie et la Phrygie et durant laquelle un si grand nombre de leurs compagnons d’armes succombèrent à la fatigue et à des privations de toute espèce. En effet, nous retrouvons Henri d’Assche (Alb. Aquensis, lib. IV, cap. 47) sous les murs d’Antioche que les croisés investirent le 18 octobre 1097 et dont ils commencèrent immédiatement le siége. Nous ne rappellerons pas les terribles épreuves auxquelles ils furent soumis pendant l’attaque de cette formidable forteresse, qui résista à tous leurs efforts durant plus de huit mois et qui ne tomba en leur pouvoir que par la trahison d’un renégat. Nous ne rappellerons pas davantage l’horrible famine par laquelle ils furent décimés lorsque, se trouvant maîtres de la ville, ils se virent tout à coup cernés eux-mêmes par une armée de deux cent mille combattants placée sous les ordres de Korboga, prince de Mossoul. Bornons-nous à dire que, d’après Albert d’Aix, Henri d’Assche fut un de ceux avec qui Godefroid de Bouillon, dans cette affreuse détresse, partagea son dernier pain.

Les croisés eussent été perdus dès ce moment si, par un effort presque surhumain, ils n’avaient eu le courage d’attaquer un ennemi si supérieur en nombre et le bonheur de le mettre dans une déroute complète. Mais leur situation ne tarda pas à devenir plus pénible encore. La multitude des cadavres entassés autour d’Antioche et laissés sans sépulture, corrompit l’air, et une peste affreuse éclata dans l’armée chrétienne. De sorte que, pour échapper à la contagion, les chefs se dispersèrent dans toutes les directions, particulièrement vers la vallée de l’Euphrate. Là se trouvait le comté d’Édesse que Baudouin, frère du duc Godefroid, avait conquis pendant que le gros de l’armée avait marché de Dorylée vers Antioche. Le duc s’y retira avec ses hommes et établit jusqu’à la fin du mois d’octobre 1098 ses cantonnements dans les châteaux d’Aïntab, de Ravendan et de Tellbascher. Ce dernier fut assigné à Henri d’Assche. Mais, atteint par la maladie, le héros brabançon y mourut, et ses restes y furent solennellement mis en terre.

Moins heureux que beaucoup d’autres guerriers belges qu’il comptait parmi ses compagnons d’armes, Henri d’Assche n’eut pas le bonheur de pénétrer dans Jérusalem. Son frère Godefroid le fut-il davantage ? Nous ne saurions le dire, les historiens des croisades gardant le silence sur son nom depuis le moment où l’armée traversa les âpres solitudes de la Phrygie.

André Van Hasselt.

Butkens, Trophées, etc., t. II. — Albertus Aquensis, ap. Bongars, Gesta Dei per Francos, t. I. — Guill. Tyrius, ibid., t. I. — Matthæus Westmonastiensis, Flor. histor., ad ann. 1097.

ASSCHE (Henri VAN), peintre, né à Bruxelles en 1774, mort dans cette ville le 11 avril 1841. Ce paysagiste, qui a brillé pendant près de quarante ans dans le genre auquel il s’était voué, avait montré de bonne heure un goût prononcé pour son art. Il reçut les premières leçons de peinture de son père ; celui-ci, voyant ses rapides progrès, le plaça bientôt dans l’atelier de J.-B. de Roi, artiste bruxellois non dépourvu de mérite et qui habitua son élève dès le principe à travailler d’après nature. Deux paysages qu’il fit en Suisse ne tardèrent pas à développer son talent et à lui donner cette fermeté de touche, cette vérité d’exécution qui font le charme de ses tableaux. Plus tard, il visita l’Italie, l’Allemagne et la Hollande. Van Assche est surtout le peintre des vallées riantes, des coteaux largement ombragés, des sites égayés par les rayons du soleil. L’âpre nature des Ardennes s’adoucit sous son facile pinceau, il sait mettre dans l’ordonnance de ses compositions les sentiments