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L’évêque clémentiste était réduit à Tournai et au Tournaisis, son compétiteur, urbaniste, ayant pour lui tous les Flamands. Ceux-ci d’ailleurs, détestaient dans l’évêque un partisan de leur comte, auquel ils faisaient alors une guerre acharnée. Le prélat en subit sa part de désastres. Le château d’Helchin, sorte de forteresse qui servait en même temps à la villégiature des évêques tournaisiens, fut brûlé par les Gantois pendant le siége d’Audenaerde : il n’en resta que les murailles. Pierre d’Aussay fit de louables démarches pour réconcilier ses ouailles rebelles avec Louis de Male. Une lettre qu’il écrivit aux Gantois (1383) les engagea à entrer en pourparlers de paix. L’évêque envoya des délégués à Eename, où ils se rencontrèrent avec ceux de l’évêque de Liége et ceux des révoltés. Déjà en 1382, il y avait eu dans la ville épiscopale une réunion entre les députés des deux partis. Philippe d’Artevelde y parut ; mais on lui fit de si dures conditions, qu’il préféra tenter un suprême effort. La fortune qui lui donna la victoire à Beverhout lui réservait la mort à Roosebeke. Au retour de cette victoire, Charles VI se reposa dans la ville fidèle aux rois de France. En cette circonstance, l’évêque hébergea l’oncle du monarque, le duc de Berry. Plus tard, il eut pour hôtes le duc et la duchesse de Brabant, qui réussirent enfin, mais non sans peine, à mettre d’accord l’orgueilleux duc qui succédait au comté de Flandres et les intraitables bourgeois de Gand (1385). Il avait assisté, l’année précédente, en l’église Saint-Pierre de Lille, avec l’archevêque de Reims, les évêques de Paris, de Cambrai et d’Arras, et cinq abbés, aux funérailles de Louis de Male. Il paraît que, las des dissensions religieuses qui lui aliénaient la plus grande et la plus riche partie de son diocèse, il s’était retiré à Paris, où les prélats tournaisiens possédaient un hôtel. C’est là qu’il mourut en 1387 ; et l’on raconte que, privé de son bien durant sa vie, l’évêque défunt fut encore dépouillé par des serviteurs sacriléges.

F. Hennebert.

Cousin, Histoire de Tournai. — Froissart. — Catulle. — Kervyn, Hist. de Flandre.

AUSTREBERTE (Sainte), première abbesse de Pavilly, née à Macronne près d’Hesdin, vers 630, morte en 703 ou 704. Cette sainte, qui porte encore le nom d’Austrodeberte, Austroverte, Eustreudeberte et Eustreberte, n’appartient à la Belgique que par sa naissance et les premières années de sa vie. Son père, Badefrai, habitait l’ancien château de Macronne, près de Térouanne ; il était attaché, comme officier à la cour du roi Dagobert I, et sa mère, Framechilde ou Frameuse, appartenait à la famille princière allemande. Après avoir vécu assez longtemps en vierge chrétienne dans la maison de son père, Austreberte entra au monastère de Pont, sur la Somme, près d’Abbeville, et en devint prieure. Saint-Philibert, abbé de Jumiéges, l’appela ensuite à gouverner l’abbaye de Pavilly, dans le pays de Caux, près de Rouen, et elle conserva cette charge jusqu’à sa mort, arrivée probablement en 704.

Eugène Coemans.

Acta SS. Februarii, t. II, p. 417. — Gliesquierius, Acta SS. Belgii., t. V, p. 422. — Malbrancq, De Morinis, t. I, pp. 339 et seq. passim. — Mabillon, Acta ordin. Benedict., t. III, p. 23. — Mabillon, Ann. Benedict., p.469.

AUSTRICUS (Liévin), médecin à Gand, vivait au xvie siècle. Selon toute probabilité, le nom flamand de ce personnage était Oosterlynck. Dans le seul ouvrage qu’il nous a laissé, il prend le surnom de Gandensis, d’où l’on doit conclure qu’il était natif de Gand. Au commencement du xvie siècle, on le trouve établi à Paris, où il publia un opuscule sur la peste, maladie qui semble avoir fait l’objet spécial de ses études. Cet ouvrage fut imprimé par Josse Badius, en 1512, sous le titre suivant :

Levini Austrici Gandensis ex variis authoribus adversus pestilitatem tam preservativo quam curativo regimine libellus, Republicæ Gandavorum dedicatus.

L’ouvrage est précédé d’une épître dédicatoire au magistrat de Gand ; Austricus y déclare qu’ému des progrès que faisait la peste dans son pays, il a cru de son devoir de rechercher dans les écrits des anciens tout ce qui pouvait aider à combattre ce terrible fléau dans sa patrie. Si l’œuvre est imparfaite, il pense que le collège des trois médecins en titre