Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 1.djvu/405

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imaginées par les chroniqueurs du moyen âge, elle contient, sur les événements des règnes de Charles-Quint et de Philippe II, dont le récit remplit tout le second livre, des détails qui ne manquent pas d’intérêt.

Comme le dit M. Pinchart, les mémoires de Pasquier de la Barre qu’il a mis en lumière « sont rédigés sous forme de journal, et l’auteur y raconte les faits à mesure qu’ils se produisent. » Il les raconte froidement, impartialement. C’est à peine s’il laisse percer dans sa narration ses opinions religieuses : pas de déclamations contre la religion catholique ; pas de plaidoyer en faveur de la réforme. Il lui arrive bien de se moquer d’un jésuite qui, prêchant un jour dans l’église de Notre-Dame et disant à ses auditeurs qu’il était prêt à mourir pour eux, au brait causé par des vessies qu’un jeune garçon dégonfla en les frappant contre la porte de l’église, se sauva épouvanté dans une chapelle où il s’enferma (t. I, p. 109) ; mais c’est la seule fois qu’il se permette une semblable malice. Du reste, il n’hésite pas à qualifier « d’acte scandaleux » le fait d’un tapissier d’Audenarde qui, ayant enlevé des mains d’un prêtre, au moment où il célébrait la messe, l’hostie consacrée et l’ayant mise en morceaux, cria au peuple stupéfié : Regardez ! s’il était de chair, il saignerait (Ibid., p. 46) ; et, au moment de terminer son récit, il reconnaît que, durant les troubles, « pluiseurs d’entre le menu populaire s’estoient merveilleusement desbordez ; qu’ilz avoient commis plusieurs insolences, usé de grandes menasches, et commis pluiseurs actes intollérables (t. II, p. 30). »

Gachard.

BARRET (Jean-Arnould), évêque de Namur, né à Looz, le 22 février 1770, mort à Flémalle-Haute, le 31 juillet 1835. Issu d’une ancienne famille noble d’Irlande, Jean-Arnould était fils de Gilles Barret, qui, après avoir servi dans les armées françaises en qualité d’aide-major chirurgien, vint s’établir à Looz vers 1763. Le jeune Barret fit ses classes latines à Saint-Trond et à Liége, étudia ensuite la théologie au Collège germanique à Rome, et y fut sacré prêtre en 1793. L’année suivante, le prince-évêque de Liége lui conféra un canonicat dans la collégiale de Saint-Pierre à Liége, mais la révolution et l’invasion française ne lui permirent pas d’en jouir longtemps ; fidèle à son devoir, Barret refusa le serment en 1797, et vécut caché jusqu’à la publication du concordat, qui fit cesser, dans nos provinces, les persécutions religieuses. Lors du rétablissement du chapitre de la cathédrale de Liége, en 1803, Barret en fut nommé chanoine et se fit remarquer par un zèle et une activité peu ordinaires. Mgr Zaepffel, évêque de Liége, étant mort en 1808, l’empereur Napoléon Ier nomma à ce siége M. Lejeas, vicaire capitulaire de Paris ; mais le pape Pie VII, refusant d’approuver cette nomination, il s’en suivit un long et regrettable conflit entre le chapitre de Liége et le gouvernement français. Ces difficultés s’aplanirent quelque temps, en 1810, le chapitre ayant consenti à reconnaître M. Lejeas comme vicaire capitulaire avec M M. Henrard et Partouns ; cependant la majorité des chanoines revint ensuite sur cette concession, qui leur paraissait contraire aux canons de l’Église, et refusa de se soumettre à M. Lejeas. Barret était l’âme et le chef de cette opposition ; aussi encourut-il bientôt les rigueurs du gouvernement français : le 22 mars 1811, il fut arrêté par la gendarmerie et transporté à Besançon. Durant son exil, il ne demeura point oisif : comme il connaissait plusieurs langues, il se dévoua au service des militaires qui encombraient alors les hôpitaux de l’armée française. Cependant, au mois de février 1813, l’arrêt de bannissement fut levé et il revint dans sa patrie. Peu après, le 22 janvier 1814, les alliés entrèrent à Liége ; M, Lejeas se retira avec l’armée française, et Barret fut élu vicaire capitulaire du diocèse. Le pape confirma cette élection le 13 février 1815.

De 1815 à 1829, Barret administra le vaste diocèse de Liége, et se voua tout à fait à sa réorganisation. Ce fut lui qui rouvrit le petit et le grand séminaire de Liége, développa les communautés religieuses chargées de l’instruction de la