Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 1.djvu/446

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mais il eut bientôt à se défendre contre le duc de Brabant et celui de Limbourg. Quoique surpris en trahison par le premier, il le défit de nouveau près de Piéton, et marcha rapidement contre le second qui venait d’envahir les États du comte de Namur, son oncle. En quelques jours, il s’empara de plusieurs places fortes et vint mettre le siége devant Arlon, où le duc s’était renfermé à la hâte et sans avoir pourvu la citadelle des munitions nécessaires de guerre et de bouche. Il demanda la paix et s’estima heureux de l’obtenir à des conditions modérées. Le comte Henri, ramené à Namur par son neveu, renouvela toutes les dispositions qu’il avait déjà faites en sa faveur, le reconnut pour son héritier et le présenta en cette qualité aux seigneurs réunis autour de lui. D’une autre part, Baudouin fit un traité d’alliance défensive et offensive avec le nouveau comte de Flandre, Philippe d’Alsace ; et pour affermir davantage la puissance de sa maison, il fiança son fils aîné à la fille du comte de Champagne et sa fille Isabelle au frère de cette princesse (1179). Le comte de Flandre, qui avait eu part à ces arrangements, vint les déranger lui-même. Plus ambitieux que sage et ne songeant qu’à conserver la haute influence qu’il exerçait au Louvre, il résolut de faire épouser à l’héritier du trône, plus tard Philippe Auguste, la jeune Isabelle de Hainaut et, pour mieux y parvenir, il lui promit pour dot Arras, Saint-Omer, Aire, Hesdin, Bapaume, Lens et toutes les places qui se trouvaient au delà du Fossé-Neuf. Ce démembrement de leur comté déplut souverainement aux Flamands et ne satisfit pas davantage Baudouin, qui regardait déjà la Flandre comme le patrimoine de sa femme. Toutefois le mariage eut lieu, mais il n’eut pas les effets que s’en était promis Philippe d’Alsace. Non-seulement il perdit tout crédit à la cour de France, mais il fut bientôt en guerre avec le roi. Baudouin y combattit d’abord avec lui, mais vaincu ensuite par les instances de sa fille, il se rangea sous l’étendard de Philippe-Auguste. Cette nouvelle exaspéra le comte de Flandre : dans l’espoir d’avoir encore un héritier direct, il se remaria à l’infante Mathilde de Portugal et lui constitua une dot très-considérable. Ensuite, pour accabler son beau-frère, il forma une alliance avec l’archevêque de Cologne, le duc de Brabant et Jacques d’Avesnes, homme lige puissant mais séditieux du Hainaut. Ces coalisés envahirent le comté de différents côtés et à la tête de troupes nombreuses. Quelque valeureux que fût Baudouin, il sentit qu’il ne fallait pas, au risque de se faire écraser, combattre des forces si imposantes. Confiant la défense de ses places fortes à ses fils et à ses plus fidèles chevaliers, il se tint de sa personne dans celle de Mons. Mais quand il vit, du haut de ses murailles, le fer et le feu dévaster les campagnes, son cœur ne put supporter un spectacle aussi cruel ; il demanda une trêve et fut assez heureux pour l’obtenir. Actif qu’il était, Baudouin en profita aussitôt pour conduire son armée à Namur, où de grands changements étaient survenus à son égard. Une fille était née au comte Henri l’Aveugle et l’heureux père, oubliant que son neveu l’avait sauvé deux fois d’une ruine entière et qu’il l’avait lui-même reconnu pour son héritier, s’était promis d’assurer sa succession à l’enfant. Dans ce but, il venait de la fiancer au fils du comte de Champagne, qui était assez puissant pour défendre ses droits et qui trouvait les comtés de Namur et de Luxembourg fort à sa convenance. L’arrivée de Baudouin changea la face des choses. Namur fut pris et repris, mais une transaction donna le Luxembourg à la fille de Henri et confirma les droits du comte de Hainaut sur Namur. En ratifiant le traité, l’empereur conféra à ce prince le titre de marquis (1194). La mort de Philippe d’Alsace appela Baudouin, ou plutôt sa femme, à la souveraineté de la Flandre. Mais il eut à combattre pendant quelque temps les prétentions illégales de Philippe-Auguste, avant d’obtenir l’investiture du comté. Il était encore à Gand, pour calmer un reste de mécontentement qu’on avait fomenté contre lui, quand il apprit qu’il était menacé par une nouvelle ligue où étaient entrés les ducs de Brabant et de