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Ces faits, recueillis dans les actes authentiques de plusieurs autres saints, font regretter que l’on ne connaisse pas d’une manière plus complète la vie de saint Achaire. Il mérite incontestablement de prendre rang parmi les évêques qui ont le plus contribué, au VIIe siècle, à répandre les bienfaits de la civilisation chrétienne dans les anciennes provinces de la Belgique.

On ignore l’époque précise de sa mort ; mais l’opinion la plus probable la fixe au 27 novembre 639. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’en 640 nous le voyons remplacé sur le siége épiscopal de Tournai et Noyon par saint Éloi. Il fut inhumé dans l’église de Saint-Pierre-et-Paul, située hors des murs de Noyon et appelée aujourd’hui l’église de Sainte-Godeberte.

Ses vertus et surtout son zèle apostolique le firent ranger, presque immédiatement après son décès, au nombre des saints. Sa fête se célèbre à Tournai sous le rite semi-double et à Noyon sous le rite double. Molanus, du Saussay, Chastelain et d’autres hagiographes le nomment sous le 27 novembre, jour où il est aussi mentionné dans le martyrologe de Paris. Hugues Menard le place, on ne sait pourquoi, au premier novembre. Ghesquiere, dans ses Acta SS. Belgii, t. II, p. 331, a donné une dissertation sur le culte rendu à la mémoire de saint Achaire ; il y rectifie quelques inexactitudes historiques qui se trouvent dans le Proprium de Tournai et dans le bréviaire de Noyon. Ainsi c’est à tort que le Proprium de Tournai, dans la troisième leçon du second nocturne, dit que saint Achaire a fait une translation des reliques de saint Munebole ou Mumbole, un des compagnons de saint Fursy, abbé de Lagny. Cette cérémonie n’eut lieu que cent quatre-vingt-dix ans plus tard, en 831, alors que Halitgaire était évêque de Cambrai et Aichar ou Achard (Aicharius ou Achardus), évêque de Tournai et de Noyon. La similitude des deux noms paraît avoir été la cause de cet anachronisme. Ainsi encore l’assertion du bréviaire de Noyon, d’après lequel saint Achaire présida, par ordre du roi Thierri II, à l’élection de saint Salve, évêque d’Amiens, est dénuée de fondement, comme nous l’avons prouvé dans notre Hagiographie nationale, t. I, p. 139.

P. F. X. de Ram.

ACHELEN (Igram VAN), membre du conseil privé, président du grand conseil de Malines, né à Bois-le-Duc (ancien Brabant), vers 1528, mort à Malines le 18 octobre 1604. Van Achelen était issu d’une famille noble dont plusieurs membres, entre autres Guillaume, son grand-père, ainsi qu’Antoine et Wautier, avaient figuré honorablement dans le magistrat de Bois-le-Duc, comme échevins, pendant les années 1522 à 1563. Son père, Igram van Achelen, Achlen ou d’Achelen, receveur de cette ville en 1525, y mourut en 1550, maître du grand hôpital.

Après avoir fait des études brillantes à Deventer, à Leyde et à l’université de Louvain, où il obtint le grade de docteur en droit, Van Achelen fut nommé, par Charles-Quint, en 1550, membre du conseil provincial de Frise, à Leeuwaerden, tant à cause de son talent oratoire qu’à cause du zèle qu’il montra pour la religion catholique. Le président Viglius, qui l’estimait particulièrement, lui fit épouser, en 1561, une de ses nièces, Clémence Hoytama. Ce mariage eut lieu avec grande solennité à Zuichem, en présence de deux autres personnages célèbres, Maximilien Morillon et Jacques Hessels (voir ces noms). Au commencement de l’année 1570, Philippe II appela Van Achelen à la présidence du conseil de Frise, distinction qu’il dut à la fois à son mérite et à la faveur du ministre Hopperus, autre Frison, qui était alors tout puissant à Madrid. Après les terribles inondations qui désolèrent particulièrement la province de Frise en 1570, Van Achelen, de concert avec le magistrat de Harlingen, rendit, le 25 mars 1574, une ordonnance-règlement pour la construction des digues de mer. Les habitants de cette province inscrivirent, comme témoignage de reconnaissance, son nom sur la colonne commémorative qu’ils élevèrent à cette occasion à leur gouverneur ou stathouder. Quelques années après, il fut soupçonné d’appartenir au parti de don Juan d’Autriche, gouver-