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ramena son corps à Magdebourg, où Adelbert l’inhuma dans la cathédrale. Nous trouvons enfin, dans une charte de 1130, donnée par saint Norbert, que ce prélat fonda le grand hôpital de Magdebourg qui porte encore le nom de Saint-Adelbert.

Atteint, dans une tournée pastorale, près de Mersebourg, d’une attaque d’apoplexie, il voulut vainement continuer sa route, mais expira deux jours après, le 20 juin 981. Son corps fut transporté à Magdebourg et inhumé au milieu de la cathédrale avec l’épitaphe suivante :

Prœsul Adelbertus, omni virtute refertus,
Membra solo clausus lœtos agit œthere plausus,
Clerus eum plangit, necnon populum dolor angit
Ipsius hoc pietas menuit, fleat omnis ut œtas.

Il avait administré, pendant près de treize ans son archidiocèse, avec autant d’éclat que d’énergie, et il porte, dans plusieurs histoires, le nom de saint.

A. de Noue.

Mabillon, Vita Adelberti. Chronographus saxo apud Leibnitz, pp. 181-192. — Thietmar, M. Chron. apud Pertz, Scriptorum II. — Krantz, Metropolis et Chrytrœus Saxonia. Lentzii Arch. Magd. 1738. — Vitriarii Institut. juris publici, pp. 1218 et 1220. — Vie de saint Norbert, pp. 362, 374. Acta Sanctorum, VI Junii, pp. 37 à 49. — Ludevig Rel Mss. omnis œvi, t. XII, p. 471, et t. V, pp. 51, 159 et 191.

ADELBOLD ou ATHELBOLD, évêque d’Utrecht, mathématicien et musicien, né vers 960, mort en 1027. Il appartenait à une famille noble originaire de la Frise, et il naquit, paraît-il, dans la province de Liége. Il était jeune encore quand il commença ses études à Lobbes, près de Thuin, dans le Hainaut, où existait une institution de bénédictins, et eut le bonheur de se voir diriger par les soins du savant Hériger, l’un des premiers restaurateurs des sciences et des lettres à une époque où les lumières avaient encore tant de peine à se répandre. Bientôt, par les recommandations de son maître, Adelbold se vit favorablement accueilli par Notger, évêque de Liége, qui fut également l’un de ses appuis et de ses précepteurs. Soutenu par ces hommes distingués, il devint plus tard l’un des élèves privilégiés du savant Gerbert, alors professeur à Reims et qui ne tarda pas à devenir pape sous le nom Sylvestre II. La reconnaissance porta Adelbold à dédier à cet ecclésiastique, aussi distingué par ses vertus que par ses profondes connaissances, son ouvrage sur la sphère, dont nous aurons bientôt occasion de parler. C’est surtout par les soins de ces savants que les sciences positives commencèrent à se développer en Europe. Les noms de Gerbert, d’Adelbold, d’Hériger sont cités encore aujourd’hui avec les plus grands éloges, comme ceux des précurseurs de la renaissance des sciences et des lettres chez nos aïeux.

À la fin du xe siècle, Adelbold, par son savoir, s’était déjà placé au nombre des hommes les plus distingués de son époque. Au commencement du siècle suivant, en 1003, il perdit le prélat distingué à qui il avait dédié son principal écrit. Il crut devoir s’adresser alors à l’empereur d’Allemagne Henri II, dont il fut nommé chancelier en 1008. À peu de temps de là (en 1010), il succéda à Elfride et fut nommé dix-neuvième évêque d’Utrecht. Cette position élevée développa chez lui des idées ambitieuses et le porta, malgré son caractère ecclésiastique, à revêtir la cuirasse du guerrier et à prendre les armes contre le comte Dideric ou Thierri afin d’obtenir un agrandissement de territoire. Il engagea plusieurs princes souverains à s’associer à ses entreprises belliqueuses ; mais, malgré son énergie et sa valeur, il fut forcé de faire la paix. Il tourna alors son activité vers des occupations paisibles et plus conformes à son état. Il fonda, dans son diocèse, plusieurs églises et montra un grand zèle pour tout ce qui pouvait honorer la religion, ainsi que la science qu’il n’avait jamais perdue de vue. Il fit édifier, notamment, une cathédrale magnifique, dont il reste encore une partie, et il en fit la dédicace avec solennité, en présence de l’empereur d’Allemagne, son protecteur, et de douze évêques qu’il avait conviés à cette solennité.

Sa reconnaissance envers l’Empereur était extrême : il en donna la preuve en écrivant l’éloge de ce prince, lors de son décès survenu en 1024. On ne connaît qu’une partie de cet écrit ; le reste ne nous est point parvenu. On loue, en