Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 2.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Berthout fit son entrée à Malines, en arborant son nouvel étendard et telle est, disent les chroniques, l’origine des armes de la ville.

Un judicieux écrivain, le baron Vanden Branden, combat ces allégations, en faisant remarquer que le roi Jacques succédant à son père, Pierre II, en 1213, avait à peine dix ans ; ensuite que l’île Majorque, la plus importante des Baléares, ne fut conquise qu’en 1339. Quoi qu’il en soit, il est plus avéré que Gauthier fit plusieurs voyages en Terre Sainte, pour combattre les Infidèles. On affirme même que sa femme, Sophie de Looz, qui avait accompagné son mari en Syrie, y décéda et fut enterrée à Saint-Jean-d’Acre. Berthout, revenu à Malines, reprit bientôt le chemin de Jérusalem et y mourut sous les murs de Damiette, le 20 octobre 1219, comme le témoigne le livre obituaire de l’église Saint-Rombaut, où annuellement son service anniversaire est encore célébré. Quelques auteurs nous apprennent que son corps embaumé fut transporté à Malines, dans la cathédrale actuelle. Un écrivain allègue que son cœur seul fut placé dans le tombeau de son père.

Emm. Neeffs.


BERTHOUT (Gauthier II) succéda à son père en 1219. Malgré la puissance de sa famille, il continua à regarder l’Église de Liége comme suzeraine, se reconnaissant, en même temps, vassal du duc de Brabant. Il épousa en première noces Adelise, fille d’Engelbert, sire d’Enghien, et d’Ide d’Avesnes, et fonda avec cette dame le prieuré de Leliendael, près de Malines (1223). En deuxième noces il épousa Marguerite de Conon, fille de Annon le Petit, comte de Bretagne, et de Marguerite d’Écosse. L’histoire nous le montre comme le bienfaiteur constant de la religion. En 1226, il avait pris la croix ; il écrivit une lettre, datée de Damiette et signée par ses fils Gilles et Arnold. Plus tard, on le vit accorder sa protection et d’importants bienfaits au couvent de Leliendael et à l’abbaye de Roosendael.

En 1231, Gauthier appela d’Italie des Frères mineurs pour les établir à Malines. Le pieux seigneur continua à favoriser les institutions religieuses, ainsi que le démontrent les nombreuses chartes qu’il délivra. L’évêque de Liége, Hugues de Pierrepont étant mort, son neveu et successeur Jean de Appia vit avec inquiétude l’extension de pouvoir acquise par Gauthier et les efforts qu’il faisait pour contre-balancer l’autorité de l’Église de Liége. Sous l’influence de ce sentiment, le prélat se rendit à Malines, et convint avec Berthout de nommer des arbitres, chargés de déterminer leurs pouvoirs respectifs (1233). En 1238 une convention fut conclue entre Henri II, duc de Brabant, et Gauthier Berthout. L’acte réglait différentes difficultés soulevées entre les habitants de Malines, ceux du Brabant et, particulièrement, ceux du marquisat d’Anvers. Un accord fut scellé à Louvain le lendemain de la fête de saint André ; il fut arrêté, en même temps, que le duc donnerait sa nièce, Marie d’Auvergne, en mariage à l’aîné des fils de Berthout. Celui-ci s’obligea par lettres de reconvention à maintenir exactement toutes les conditions arrêtées entre le duc et son père. Plusieurs seigneurs se portèrent, en outre, garants de l’exécution de ce traité. La noce fut célébrée solennellement au château de Louvain, le 11 décembre 1238.

Comme nous l’avons dit, les Berthout ne cessaient de reconnaître la suzeraineté de l’Église de Liége ; aussi voyons-nous que le quatrième jour après l’octave de la fête de Pâques, en 1241, Gauthier se rendit à Thuin et y prêta son serment de fidélité entre les mains de Robert de Langres ou de Torote, prince-évêque. Il donna alors une charte où il s’intitule : Advocatus magliniensis. Après son décès, survenu le 10 avril 1243, il fut inhumé avec Marguerite de Bretagne, sa femme, dans le chœur de l’église des Frères mineurs, à Malines.

Emm. Neeffs.


BERTHOUT (Gauthier III), dit le Grand, succéda à son père, Gauthier II, en 1243. Allié à la famille souveraine de Brabant, par son mariage avec Marie d’Auvergne, il épousa constamment les intérêts du duc, sans ménager l’évêque de Liége. A l’époque où vivait Gauthier III, la seigneurie de Malines était