Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 2.djvu/176

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opposants prétendirent que c’était Berthout qui, profitant de son influence sur la duchesse-régente, l’avait poussée à cette injustice à l’égard de son fils aîné, et que le seigneur de Malines ne tarderait pas à prendre des mesures préjudiciables au Brabant et attentatoires aux priviléges et franchises des Brabançons. Égarés par ces insinuations, les Louvanistes prirent les armes, sous la conduite du sire de Wesemael ; ils envahirent les États de Gauthier et y mirent tout à feu et à sang. Berthout se hâtant d’équiper une petite armée, composée de Malinois et de Bruxellois, courut au-devant des Louvanistes. La rencontre eut lieu entre Malines et Louvain, dans un endroit nommé « le Liepse. » L’engagement fut sanglant. Les Louvanistes furent battus, laissant beaucoup de morts sur le champ de bataille ; plusieurs seigneurs tombèrent aussi entre les mains des vainqueurs.

En 1265, Gauthier, d’accord avec le chapitre de la cathédrale et les échevins, rendit une ordonnance relative à la continuation de la construction de l’église de Saint-Rombaut. Henri de Gueldre, soit qu’il fût blessé d’avoir été exclu de la tutelle, soit qu’il voulût ressaisir le pouvoir qu’il avait perdu dans la seigneurie de Malines, fit de vains efforts pour gagner la faveur de la duchesse Alice. Ne réussissant pas et voyant le crédit de son rival grandir de plus en plus, il alla mettre le siége devant le château de Fallais, ancien fief du Brabant, prétendant que cette ferre appartenait à ses domaines. Berthout se mit à la tête des Brabançons et se dirigea sur Hannut, possession de l’Église de Liége. Henri de Gueldre dut lever le siége de Fallais et se promit de tirer une vengeance éclatante de Gauthier. Après que le duc Henri eut fait abandon de tous ses droits en faveur de son frère Jean, Henri de Gueldre, accompagné de son frère, le comte de Gueldre et d’une forte armée, marcha sur Malines. Le prélat, voulant à tout prix s’en rendre maître, réclama le secours de Marguerite, comtesse de Flandre. Cette princesse ainsi que son fils vinrent le rejoindre, amenant deux mille fantassins et six cents cavaliers. Cette armée alla camper près de Bornhem et Hingene. Les troupes de Berthout occupaient les principales positions des environs de Malines et interceptaient les vivres. La disette ne tarda pas à se faire sentir dans le camp liégeois. La comtesse de Flandre prévit une retraite forcée, engagea Berthout à permettre à l’évêque d’entrer dans les murs, vu qu’il avait juré sur les reliques de saint Lambert de soumettre la ville. Gauthier y consentit ; mais à condition seulement que trois personnes accompagneraient le prélat et ne dépasseraient pas la première enceinte. Berthout se considérait toujours comme vassal de l’Église de Liége pour l’avouerie exercée dans cette partie de Malines. C’est ce qui le décida à cette concession, ingénieusement trouvée, d’une part, pour échapper au parjure et, d’autre part, pour mettre fin à l’attaque.

Henri, obligé de lever le siége, s’en vengea en ravageant tout le pays qu’il traversa pour regagner ses États. Il paraît que les Malinois avaient sollicite et obtenu un renfort des habitants de Bois-le-Duc : cet appui effraya l’évêque et contribua largement à sa retraite. La ville ainsi délivrée ne s’occupait plus guère de lui, et Berthout, plus librement que jamais, soutint ses prétentions à la seigneurie de Malines. Jouissant de la confiance des habitants, il prenait sincèrement leurs intérêts à cœur, s’occupa activement de l’embellissement et de l’assainissement de la ville, étendit ses relations commerciales et favorisa l’élan des corporations.

Jean d’Enghien, évêque de Tournai, succéda à Henri de Gueldre, sur le trône épiscopal de Liége : il ne conste par aucune pièce authentique que ce prélat ait fait des efforts pour rétablir son pouvoir à Malines, ni qu’il ait eu des rapports avec Berthout.

La guerre ayant éclaté entre la Gueldre et le Brabant, Gauthier y prit une part active : le roi de France intervint et une trêve fut conclue entre les belligérants (1285). Le duc Jean, se fiant à ce traité, se mit en route avec son armée pour l’Aragon, où il alla rejoindre Philippe le