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comme suzerain du comté de Flandre, de s’entremettre entre Philippe le Bon et les Gantois révoltés, et, à cet effet, ses envoyés firent au duc ami des propositions d’accommodement. Celui-ci les agréa, après quelques modifications ; il ne s’agissait plus que de les faire accepter par l’autre parti ; mais Blancstain qui, ainsi que les siens, avait plus d’un motif pour ne vouloir ni paix ni trève, sut si bien, par sa fougueuse éloquence et ses menées, détourner les rebelles de tout arrangement, qu’ils se décidèrent à recommencer la guerre civile.

Cependant le duc de Bourgogne, voulant en finir avec la révolte, concentra toutes ses forces et les dirigea d’abord sur les Compagnons de la Verte-Tente, ses plus redoutables adversaires, qui occupaient alors les trois châteaux fortifiés de Laerne, de Schendelbeke et de Nevele.

Ces formidables préparatifs ne détournèrent point Blancstain de sa rage dévastatrice. Les Compagnons coururent ravager le Franc de Bruges et ils vinrent piller de nouveau le pays d’Audenarde et les villages de la frontière du Hainaut. À la fin de juillet 1453, Blancstain avait quitté Flobecq, après y avoir incendié et détruit presque toutes les maisons, il ramenait un butin considérable et quelques prisonniers qu’il se proposait de renfermer dans le château de Schendelbeke, sa principale place de guerre. Il avait avec lui environ trois cents de ses principaux adhérents. Vers la fin de la journée, les Compagnons, harassés de fatigue, avaient fait halte dans un bois pour s’y reposer, lorsqu’une troupe de soldats bourguignons, prévenus à Grammont des horreurs commises à Flobecq, les cerna et les attaqua inopinément sous le commandement de Jean de Croy. Surpris dans leur retraite, deux cents environ mordirent la poussière, après une défense désespérée. Le Bâtard ne pouvant résister plus longtemps à un corps de trois mille hommes de troupe réglée, tâcha de rallier les soldats qui lui restaient et parvint à ramener, sans autre rencontre, les débris de sa petite armée dans le château de Schendelbeke. Mais il connaissait trop bien les desseins du duc de Bourgogne pour ne pas s’attendre à être bientôt assiégé dans sa dernière retraite. Aussi résolut-il de la défendre chèrement.

Le château était protégé par une grosse tour dont il fallait s’emparer avant de pouvoir se rendre maître de la forteresse, commandée, en ce moment, par le capitaine des Chaperons blancs, Jean de Waesberghe. Le Bâtard obtint l’honneur d’occuper ce fort avancé avec vingt de ses plus braves compagnons. Comme il l’avait prévu, les Bourguignons ne tardèrent pas à se porter sur Schendelbeke avec tous les engins nécessaires pour entreprendre un siége en règle. L’attaque fut aussi vigoureuse que la défense. La tour, qui était le point de mire des assaillants, résista longtemps, car Blancstain s’y multipliait pour les accabler de pierres, de poix bouillie et de cendres incandescentes ; elle finit cependant par être escaladée, et malgré tous leurs efforts les assiégés durent se rendre. Blancstain seul, épuisé et blessé, refusa de suivre leur exemple et se battait encore comme un furieux sur l’escalier lorsque, se voyant définitivement perdu, il jeta ses armes, remonta précipitamment jusqu’à la plate-forme supérieure, enjamba la balustrade et se précipita sur les soldats du duc, préférant une mort glorieuse à la honte d’un supplice infamant. En effet, ses compagnons subirent la peine de la corde.

La prise du château de Schendelbeke, qui suivit de près celle de la tour, fut le dernier événement où la Verte-Tente joua encore un rôle actif ; avec le Bâtard de Blancstain s’éteignit cette cruelle et redoutable faction qui fit trembler toute la Flandre pendant plus de trois ans.

Bon de Saint-Genois.

Kervyn de Lettenhove. Histoire de Flandre, t. IV, p. 424 et suiv. — J. Meyeri, Ann. Flandriæ. — De Barante, Histoire des ducs de Bourgogne, t. V, p. 355 et suiv. (Édition du baron de Reiffenberg). — Blommaert, Guerre des Gantois contre le duc de Bourgogne (Messager des Sciences, années 1840 et 1841). — Pontus Heuterus. — Despars.

BLANKENHEIM (Arnould DE), grand-prévôt du chapitre cathédral de Saint-Lambert de Liége, et mambour en 1312, fut tué dans un combat qui ensanglanta