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dans un paysage ; deux portraits en buste et celui d’Hélène Forment, seconde femme de Rubens, copiée de l’original du cabinet de M. Schamp d’Aveschoot, à Gand, furent reçues au salon d’exposition de 1810 et lui valurent des éloges. Mais l’artiste comprit qu’il lui fallait encore les leçons d’un habile maître, et il s’adressa à l’éminent portraitiste brugeois François Kinson, qui lui ouvrit son atelier, à Paris. Thomas Blaton sut en peu de mois, auprès de lui et sous son active direction, acquérir les qualités que l’instruction primaire et l’étude isolée n’avaient pu lui donner. Quand il quitta Paris, pour revenir dans sa patrie, Kinson lui déclara, avec effusion, qu’il se trouvait payé de ses conseils et de ses soins, par la satisfaction de le compter parmi ses meilleurs élèves. Depuis cette époque, Thomas Blaton peignit quelques tableaux religieux, des portraits et des paysages : ces derniers sont estimés pour leur heureuse disposition, leur aspect naturel. En 1814, il fut nommé professeur à l’Académie d’Audenarde, sa première école. Il n’y professa que trois années ; à peine âgé de trente ans, il fut enlevé à un brillant avenir peut-être, par une phthisie pulmonaire. Sa dernière œuvre, le portrait en pied d’un enfant, placé dans un de ces fonds champêtres qu’il affectionnait, figura à l’exposition artistique de Gand, en août 1817. Le catalogue mentionnait la mort de l’artiste.

Edm. De Busscher.

Annales de la Société royale des beaux-arts et de littérature de Gand, t. I, 1844-1845.

BLAVIER (André-Joseph), compositeur de musique, né à Liége, où il fut baptisé le 29 décembre 1713, en l’église Saint-Jean-Baptiste ; mort à Anvers, le 30 novembre 1782. Cet artiste obtint d’abord l’emploi de maître de musique à l’église collégiale de Saint-Pierre, dans sa ville natale. La même place étant devenue vacante à la cathédrale d’Anvers, le 16 mars 1737, par la démission du titulaire, Joseph-Hector Fiocco, Blavier, quoique n’ayant atteint que l’âge de vingt-trois ans, ne craignit pas de se présenter au concours ouvert à cette occasion, auquel prirent aussi part deux autres bons musiciens, Éloi François, prêtre, maître de musique à l’église de Saint-Vincent, de Soignies, et Charles-Joseph van Helmont, alors organiste et, plus tard, maître de chant à la collégiale de Sainte-Gudule, à Bruxelles. Le succès couronna l’entreprise du jeune artiste, qui fut élu à la majorité des voix par le chapitre de la cathédrale. Cependant, vu sa jeunesse sans doute, on lui prescrivit des conditions spéciales, les suivantes, qu’il dut signer avant d’entrer en fonctions : 1° Il porterait la soutane et se préparerait à recevoir la tonsure cléricale ; 2° Il serait tenu d’assister et de chanter à tous les offices ; d’y diriger les enfants de chœur ; de les conduire à l’église et de les ramener à la maison des choraux ; 3° Il donnerait en personne les leçons de musique voulues ; 4° Il se considérerait comme démissionnaire de sa place, si jamais il se mariait. Blavier accepta ces conditions, le 25 mai 1737, et fut installé, le 18 juin suivant, aux trois jubés et au grand chœur de la cathédrale. L’artiste possédait une belle voix de ténor et jouait du clavecin, du violon et du violoncelle. L’instruction des enfants de chœur était surtout l’objet de ses soins : parmi ceux qu’il forma il faut citer avec honneur le célèbre compositeur Gossec, qui, sortant de la maîtrise d’Anvers à l’âge de dix-huit ans, se trouva en état d’entrer avec succès dans la carrière d’artiste à, Paris. Tout en enseignant les règles de la composition musicale à ses élèves, Blavier enrichissait le répertoire de l’église de ses propres œuvres. Il composa, entre autres, et dédia au chapitre, le 26 août 1741, une messe solennelle, en re (Kyrie, Et in terra pax, Patrem), très-développée, intitulée In honorem Deiparæ, écrite à quatre voix, avec accompagnement d’instruments à cordes. Cette messe, qui existe encore aux archives de Notre-Dame, témoigne du talent expérimenté du musicien. Plusieurs compositions en style choral lui sont également dues.

Arrivé à l’âge de cinquante ans, André Blavier voulut se marier et, ni la clause résolutoire de son contrat d’engagement à la cathédrale, ni les observations de ses amis ne le purent détourner de ce projet. Privé de la belle position artistique qu’il occupait, il épousa une jeune fille de