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s’expliquer par des causes naturelles. En revanche, à propos du système de Copernic ; il ne sut que répéter les objections faites à Galilée ; mais faut-il s’en étonner, lorsqu’on voit l’abbé de Feller, à la fin du XVIIIe siècle, déclarer qu’il n’est pas tout à fait sûr que la terre tourne autour du soleil ?

Alphonse Le Roy.

Dictata du P. Blundell, Mss. (Bibl. de A. Le Roy). — Conclusiones physicæ, Liége, G.-H. Streel, 1682, placard. — Alph. Le Roy, La philosophie au pays de Liége (xviie et xviiie siècles, Liége, Renard, 1860, in-8o, ch. II. — Bouillier, Hist. du Cartésianisme. Paris et Lyon, 1854. in-8o, t. I. — Revue de l’instruction publique en France, numéro du 16 février 1860 (art. de M. E. Prouhet).

*BOCH (Les trois frères), introducteurs de la fabrication de la faïence dans le Luxembourg, naquirent dans le département de la Moselle, mais quittèrent la France dès leur première jeunesse. Dominique et Jean-François étaient jumeaux : le premier mourut presque octogénaire à Sept-Fontaines, le second dans son domaine de Kockelscheuer, commune de Hollerich, le 22 juin 1817, à l’âge de quatre-vingt-trois ans. Pierre-Joseph, le plus jeune, décéda le 12 novembre 1818 à Sept-Fontaines, dans sa quatre-vingt-deuxième année. Ils parcoururent ensemble une carrière laborieuse et honorable ; ils montrèrent par leur exemple ce que peut la persévérance unie à l’esprit d’ordre et appuyée sur des vertus solides. Simples ouvriers au début, n’ayant pu recevoir qu’une instruction médiocre, mais naturellement intelligents et par-dessus tout d’une haute probité, ils parvinrent à la plus brillante fortune et prirent le premier rang parmi les bienfaiteurs de leur pays d’adoption. Les grands établissements ou plutôt les colonies industrielles qu’ils créèrent font encore aujourd’hui l’orgueil du Grand-Duché.

Ils furent d’abord employés avec leur père aux forges de Hayange, où ils s’occupaient spécialement, dit-on, du coulage des projectiles. L’ainée de leurs sœurs avait épousé un chef d’atelier de la faïencerie de Saint-Clément en Lorraine, nommé Valette. Celui-ci, à plusieurs reprises, appela leur attention sur les bénéfices que procurait le genre de travail dont il s’occupait lui-même. Cédant à ses instances, ils renoncèrent de commun accord à gagner leur vie « en puisant la fonte incandescente dans de petites casseroles, pour la verser dans des moules. » Ils s’associèrent et se mirent à fabriquer, sous leur toit de chaume, de la faïence commune, recouverte d’émail blanc. Le sieur de Gerbeville, seigneur du village qu’ils habitaient[1], leur ayant interdit l’usage des eaux d’une source dont ils ne pouvaient se passer pour délayer l’argile, l’établissement naissant se trouva compromis. Heureusement Pierre-Joseph, dans un voyage à Luxembourg, eut l’occasion de s’entretenir avec des hommes éclairés, qui cherchèrent aussitôt le moyen de le consoler de cette déconvenue. On lui fit entendre que la concession d’un terrain à proximité de la forteresse, dans une contrée où le bois et l’argile abondaient, ne serait pas bien difficile à obtenir ; la protection de personnages influents lui fut garantie. Pierre-Joseph appela ses frères ; ils s’adressèrent sans retard au souverain, qui leur octroya leur demande, moyennant quelques escalins de cens à payer annuellement au domaine. Tout leur avoir se composait alors d’une somme de six cents livres ; mais ils avaient en eux-même une source de richesses. Au bout de peu de temps leur concession se trouva libre de charges, par le remboursement du capital de la redevance, calculé au denier vingt.

Ils avaient parfaitement choisi le lien de leur nouvelle résidence ; le bois y coûtait fort peu de chose, et sept sources intarissables, limpides comme du cristal et voisines l’une de l’autre, les dédommageaient amplement des refus du sieur de Gerbeville. Sur cette même lande, alors déserte et inculte, s’élève à présent la riante, florissante et populeuse agglomération de Sept-Fontaines (Siebenbrunnen).

Bientôt nos potiers durent songer à agrandir leur four. Soit défaut de construction, soit précipitation à reprendre les travaux avant que la nouvelle voûte fût bien séchée, tout s’écroula dès la première cuisson. Les frères Boch se trou-

  1. Audun-le-Tiche.