Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 2.djvu/337

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Bassan. » Mariette ajoute en note : « Il se peut cependant fort bien que cette date : Aet. an. 60, se rapporte au temps que le portrait a été peint et non à celui qu’il a été gravé. Mais j’en reviens toujours au témoignage du Borghini et j’ai peinne à m’en départir d’autant que je le trouve exact dans ses calculs. Lorsqu’il parle d’artistes avec lesquels il a vécu, toutes ses dates se rapportent à l’année 1584, qui est celle de la publication de son livre. » Cependant, nous ferons remarquer que ce que l’on écrit au bas des gravures n’est pas toujours infaillible et, en second lieu, que l’observation de Mariette sur ce chiffre nous paraît fort admissible. Nous n’osons donc condamner la date de 1524, et nous la maintiendrons jusqu’à nouvel ordre. Le père de notre artiste était sculpteur, assez médiocre sans doute, puisqu’il n’a point laissé trace de ses œuvres; n’ayant probablement entrevu aucune chance de fortune pour son fils dans la carrière artistique, il le destinait à devenir notaire, mais le jeune homme était doué d’aptitudes telles que la volonté paternelle dut céder devant l’invincible vocation qui l’entraînait. Jean fut placé à Mons chez un artiste renommé, le sculpteur Jac. de Breuck, que Vasari nomme de Beuch, la Biographie universelle de Didot, Jacques Beuch, et dont le vrai nom paraît être Du Brœucq. Ce maître découvrit bientôt les rares facultés de son jeune élève et les développa. Les aspirations de Jean Bologne l’attiraient vers des sphères les plus élevées et à vingt ans, il se dirigea vers la terre classique des arts où une phalange de talents supérieurs et de génies divers entourait les grandes figures de Léon X et des Médicis. Jean Bologne arriva à Rome et alla droit au plus illustre des artistes vivants, à Michel-Ange, dont il devint le disciple et auprès duquel il travailla pendant deux années. Dès lors il n’avait plus rien à apprendre, et l’on peut dire qu’il fit honneur à son maître. Vasari rapporte (vol. VI, p. 54, traduction de Leclanché) que le jeune artiste fut employé à Rome par André Contucci, dit Andréa dal Monte Sansovino, lorsque Léon X commanda à celui-ci d’achever, à Notre-Dame de Lorette, l’œuvre commencée par le Bramante. Il y a cependant une difficulté à accepter cette assertion, c’est que Contucci, né en 1460, mourut en 1529, alors que le petit Bologne avait à peine cinq ans et résidait encore dans la maison paternelle, à Douai. Est-ce une erreur de traduction? Est-ce une inadvertance de Vasari? Ceci est le plus probable, car l’auteur italien, auquel nous devons une foule de renseignements utiles, commet souvent des erreurs encore plus graves. C’est ainsi que nous lisons dans le vol. IV, p. 239 de la même traduction, que Bologne fut un de ceux qui aidèrent Raphaël dans l’exécution des loges du Vatican, et Vasari cite la nouvelle loge commencée par Bramante, que la mort de cet artiste avait laissée inachevée. A moins qu’il y ait eu un grand artiste du même nom, qui précéda celui qui nous occupe, nous devons signaler cette nouvelle erreur qui rend notre artiste, né en 1524, collaborateur de Raphaël, mort en 1520. C’est à Florence que Jean de Bologne alla d’abord se fixer; les travaux arrivèrent bientôt de tous côtés; sa réputation franchit rapidement les frontières et les princes de l’Europe voulurent à l’envi posséder une de ses œuvres. Immerzeel dit avec raison que « si des écrivains dignes de foi ne l’affirmaient point, on aurait peine à croire que la vie d’un seul homme, quelque longue qu’elle fût, ait pu suffire à mettre au jour les innombrables travaux sortis de la main de Jean de Bologne. » Il paraît certain que le sculpteur flamand passa quelques années de sa jeunesse à Bologne. On sait, dans tous les cas, que lorsque sa réputation était déjà établie à Florence et qu’il s’y trouvait au service du grand-duc, les Bolonais prièrent celui-ci de leur céder son sculpteur pour la fontaine qu’ils voulaient construire sur la Piazza Maggiore ou de San Petronio. Une circonstance remarquable est que ce monument fut commandé à Jean Bologne par saint Charles Borromée, alors légat à Bologne. C’est, sans contredit, une des plus belles fontaines de l’Italie; l’architecture en est du Sicilien Thomas Laureti. Un grand