Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 2.djvu/340

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droite il s’appuie sur la roche, de la gauche il presse une tête de monstre qui laisse échapper une énorme masse d’eau. Ces cheveux descendent sur un front ridé et austère, une longue barbe couvre sa poitrine et se prolonge sur le torse jusqu’au rocher; l’expression est imposante et les proportions sont si harmonieuses et si parfaites qu’on est presque incrédule en apprenant que le colosse debout mesurerait vingt et un mètres. Tous les élèves du Bologna l’aidèrent dans cette immense machine et tous furent, dit-on, quelque temps avant de retrouver la justesse de leur coup d’œil et la sûreté de leur main pour les figures de grandeur ordinaire. En 1588, après la mort de François de Médicis, son frère et son successeur, le cardinal Ferdinand Ier commanda au Bologna la statue équestre de Cosme Ier, père des deux souverains. En 1594, cette statue, coulée trois ans auparavant, fut érigée sur la place du Vieux Marché. Le piédestal en marbre est orné de bas-reliefs. C’est un monument plein de noblesse : comme toujours, les bas-reliefs sont très-remarquables et le cheval passe pour une des plus belles productions de la Renaissanoe. L’Hercule tuant le Centaure fut achevé en 1599. Encore un chef-d’œuvre pour lequel Franqueville aida son maître et qui fut terminé en 1600; on l’admire à la galerie d’Orgagna. Des difficultés inouïes y sont vaincues comme en jouant. Nous n’avons guère parlé que des travaux du maître à Florence, mais quelle innombrable quantité de productions ornent encore les diverses villes d’Italie? Nous allons les citer rapidement.

Outre les grands travaux exécutés à Florence, il fit encore pour cette ville, au Musée des Gemmes, huit bas-reliefs coulés en or, la belle fontaine de l’Isoletto ou des trois fleuves, les statues de la chapelle de Saint-Antonin, dans l’église Saint-Marc, la statue de Ferdinand Ier à la chapelle des Médicis, un Christ en bronze dans la chapelle de San-Spirito; les Génies de la chapelle des Annonciades (génies qui décorent son tombeau); les armes ducales, au palais de Florence, un de ses premiers ouvrages; sa dernière œuvre, la statue équestre du grand-duc Ferdinand Ier, en bronze, érigée quelques mois après la mort de l’auteur, est le seul travail qui se ressente d’une main octogénaire; une statue de marbre, en pied, de Cosme Ier; une statue en bronze de Cosme II pour la basilique de Saint-Ambroise, etc., etc. A Lucques, il fit, à la cathédrale, les statues colossales du Christ ressuscité, de saint Pierre et de saint Paulin; deux chapelles y furent bâties sur ses dessins et ornées de ses sculptures, car, ne l’oublions pas, le Bologna laissa quelques ouvrages remarquables d’architecture. Il alla à Pise en 1601, accompagné de Franqueville; il y fit deux anges en bronze pour le dôme; aidé de son élève, il fut chargé de refaire pour ce même dôme, les portes brûlées en 1595 et dues à Bonammi; on voit encore dans la cathédrale un bénitier en bronze et un crucifi ; puis, sur la place des Chevaliers, une fontaine avec la statue de Cosme Ier (les accessoires sont de Franqueville). A Arezzo, une statue de François Ier; à Orvieto, saint Mathieu; à Gênes, à l’Université, six Vertus; à Paris, Mercure et Psyché, groupe colossal; deux statues équestres étaient commencées lorsque arriva la mort du maître; elles furent achevées par ses élèves; l’une est celle de Philippe III, roi d’Espagne, terminée par Tacca, l’autre celle de Henri IV, roi de France, terminée par Franqueville. Celle-ci, commandée par Ferdinand Ier et offerte par Cosme II à Catherine de Médicis, fut placée sur le Pont-neuf, à Paris, et renversée par la révolution; il en reste quelques débris. Il fut encore l’auteur de la plus grande partie de la décoration intérieure de l’église Saint-Marc, ainsi que de celle des Annonciades qui lui appartenait. Nous avons dit plus haut qu’il bâtit également le palais de son bienfaiteur Vecchieti; c’est un ouvrage visiblement traité avec le plus grand soin et inspiré par la reconnaissance; les ornements de la maison et le charmant satyre en bronze de l’angle de la rue sont de sa main. Enfin, sur ses