Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 2.djvu/352

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sait que les États généraux, espérant échapper par là à une restauration, nommèrent, le 21 novembre, souverain de la Belgique l’archiduc Charles, troisième fils de l’empereur Léopold. Bonaventure fut désigné, avec un autre membre des États, M. Durieux, pour aller communiquer cette résolution au maréchal Bender, commandant en chef des troupes impériales, et le prier de faire cesser les hostilités ; mais ils ne purent parvenir jusqu’à lui. Après la rentrée des Autrichiens dans Bruxelles, les magistrats de Tournai envoyèrent au maréchal une députation chargée de lui annoncer qu’ils reconnaissaient la souveraineté de l’empereur ; Bonaventure en faisait partie. Il reçut ensuite la mission de se rendre à la Haye, afin de solliciter du comte de Mercy-Argenteau, ministre plénipotentiaire de Léopold, le maintien de la Constitution qui avait été mise en vigueur à Tournai pendant la révolution : il n’y réussit pas et ne pouvait y réussir, d’après la déclaration de l’empereur que toutes les choses seraient remises sur le pied où elles étaient à la mort de Marie-Thérèse. En 1791 et 1792 il séjourna presque continuellement à Bruxelles pour les affaires de la ville. Ce fut à lui que les consaux commirent le soin de défendre les intérêts de leur administration dans les conférences de députés de toutes les provinces qui se tinrent pour la liquidation des dettes qu’elles avaient contractées en 1790.

La victoire remportée par Dumouriez, à Jemmapes, ayant fait tomber la Belgique au pouvoir des Français, les habitants de Tournai furent convoqués à la cathédrale, pour élire vingt administrateurs provisoires de cette ville et de ses banlieues (12 novembre 1792). Cette élection eut lieu par acclamation ; Bonaventure fut placé en tête de la liste. Dans ces moments difficiles, il montra beaucoup d’activité et de zèle : on lui dut, entre autres mesures, l’établissement d’une caisse d’escompte, le rejet des assignats, bons locaux ou billets de confiance qui auraient ruiné le commerce (16 novembre), et un règlement fort sage pour l’extinction de la mendicité et l’entretien des pauvres (18 décembre). Le 3 janvier 1793, il fit adopter par les administrateurs provisoires une représentation à la convention nationale contre le décret du 15 décembre qui prononçait la réunion de la Belgique à la France, ainsi que contre la conduite arbitraire des généraux et des agents français. Un acte de ses collègues, dont il eut à se plaindre, le détermina, quelque temps après (27 janvier), à leur envoyer sa démission ; mais, sur leurs instances, il consentit à la retirer. Le 6 février 1793, il fut procédé, par les assemblées primaires, à une nouvelle élection de vingt administrateurs provisoires ; Bonaventure se vit encore l’un des élus, et le troisième d’entre eux par le nombre de voix qu’il obtint. Cette seconde administration républicaine ne devait pas durer longtemps : la victoire de Neerwinden fit rentrer les Autrichiens en possession de la Belgique, et, le 31 mars 1793, tous ceux qui faisaient partie de la magistrature de Tournai avant le 12 novembre 1792, furent réinstallés dans leurs fonctions. Au mois de décembre, les consaux envoyèrent Bonaventure à Bruxelles, où il eut à s’occuper, pendant plusieurs mois, des intérêts de la ville ; il y était encore lorsque l’empereur François II y arriva. Le 8 juin, en compagnie du grand prévôt, Bonaert, il harangua ce monarque, auquel il dit qu’il était « le plus grand des princes et le plus tendre des pères. »

Après la seconde occupation de la Belgique par les Français, Bonaventure fut appelé à faire partie de l’administration centrale et supérieure (26 brumaire an III) et du conseil du gouvernement (2e jour complémentaire de l’an III) que les représentants du peuple en mission établirent à Bruxelles. Il alla siéger, en l’an V, au conseil des Cinq-Cents comme mandataire des électeurs du département de la Dyle : dans cette assemblée, il réclama, pour les départements réunis, le droit de nommer un tribunal de cassation ; il fit entendre des plaintes sur ce que l’on voulait y exécuter la loi qui exigeait des ecclésiastiques une déclaration de fidélité ; il proposa des moyens de parer à la stagnation des affaires ju-