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se fixer à Sedan. Il y créa une manufacture, modeste d’abord, mais qui prit rapidement un grand développement et finit par étendre ses relations dans toutes les parties du monde. Ce fut à cette époque qu’il importa à Verviers plusieurs procédés de fabrication qui ont puissamment contribué à la prospérité de cette ville. Chaque année Bonjean inventait ces fins et riches tissus si connus sous le nom de nouveautés, satins et tissus Bonjean. A l’exposition industrielle de 1839, il obtint la médaille d’or et trois ans après la croix de chevalier de la Légion d’honneur. En 1843, Bonjean se retira des affaires et alla habiter sa terre de la Bellangerie où il s’adonna à des travaux agronomiques et à ses goûts artistiques. Il possédait une importante galerie de tableaux, formée avec goût et discernement. Le gouvernement belge, voulant reconnaître les services rendus par ce citoyen à l’industrie verviétoise, a, par un arrêté du 24 mars 1853, donné le nom de Jean-Lambert Bonjean à l’une des locomotives du chemin de fer de l’État.

Ul. Capitaine.

Le Constitutionnel, août 1852. — Nécrologe liégeois, années 1851, p. 14, et 1852, p. 187.

BONMARCHÉ (Jean), compositeur de musique, né vers 1520. On ne peut fixer d’une manière certaine le lieu d’origine de cet artiste du XVIe siècle; les auteurs lui donnent tantôt la ville d’Ypres et tantôt celle de Valenciennes pour berceau. Quoi qu’il en soit, on le trouve, en 1564, chanoine à l’église métropolitaine de Cambrai et maître des enfants de chœur. Il était considéré comme un des musiciens les plus expérimentés et des compositeurs les plus habiles des Pays-Bas et sa réputation n’était pas usurpée. Dans une lettre de Philippe II à Marguerite de Parme, datée du 7 octobre 1564, et découverte en Espagne, par M. Gachard, le prince dit que le maître de la chapelle royale étant mort, il désire le remplacer par quelque musicien expérimenté et que ce n’est qu’en Flandre qu’il espère le rencontrer. La duchesse lui désigna Jean Bonmarché; c’est, écrivit-elle, un des hommes les plus habiles en fait de musique qu’il y ait dans les Pays-Bas : « il est grand compositeur, mais il n’a pas de voix; il est petit et de peu d’apparence parce qu’il n’a pas de barbe, bien qu’il soit âgé de plus de quarante ans. » Le roi s’empressa d’admettre Bonmarché et celui-ci se mit immédiatement en devoir de se rendre à Madrid, où il ne tarda pas à remarquer que l’organisation de la chapelle royale laissait beaucoup à désirer; que, nommément, elle n’était pas assez fournie de voix de dessus. Mais, dit M. Fr. Fétis (Biographie des musiciens, 2e édition), les enfants de chœur, qui chantaient la partie de dessus de la musique écrite dans la notation très-difficile de ce temps, devaient être d’habiles musiciens et il était difficile d’en trouver qui fussent suffisamment instruits. C’est encore à la Belgique que Philippe eut recours : il songea à la chapelle de l’église de Sainte-Marie, d’Anvers, d’où sont sortis presque tous les grands musiciens des xve et xvie siècles, et chargea son lieutenant, le duc d’Albe, d’y faire des recherches. Mais, chose digne de remarque, le chapitre de cette église ne craignit pas de refuser au terrible gouverneur des Pays-Bas l’objet de sa demande. La correspondance qui eut lieu existe encore dans les archives de l’église et constate cette résolution du chapitre. Il paraît que dans sa vieillesse Bonmarché s’est retiré à Valenciennes. — Il nous reste à faire connaître ses productions : il composa plusieurs messes et motets qui sont conservés en manuscrit dans la Bibliothèque de l’Escurial. D’après Pierre Maillart, qui fut son élève, il a encore écrit un traité de musique, qui n’a pas été imprimé. Il nous a aussi laissé un motet de huit voix sur les paroles Constitutes los principes. Ce morceau se trouve dans la collection publiée par Clément Stephan, d’Eger, sous ce titre : Cantiones triginta selectissimæ, quinque, sex, septem, octo, duodecim et plurimum vocum, sub quatuor tantum, artificiose, musicis numeris à prœstantissimis hujus artis artificibus ornatæ. Norimbergæ, in officina Ulrici Neuberi, 1568, in-4o. C’est le n° 12 du recueil.

A. Vander Meersch.

Fétis, Biographie des musiciens, 2eédition.