Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 2.djvu/373

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Sa dite Majesté. Prononchié audit Gand, le xviie jour de mars, l’an xvcxxxix (1540 n. st.). »

Cette sévère sentence fut exécutée dans toute sa rigueur, sur la place de Sainte-Pharaïlde, devant le château des Comtes, le Graeven Steen. Neuf têtes, y compris celle de Simon Borluut, roulèrent sur l’échafaud et furent exposées au bout de piques sur la porte de la Mude.

Liévin Borluut, oncle de Simon, également compromis dans la révolte et qui propagea la fable de l’achat de Flandre, eut ses biens confisqués et mourut en exil.

Kervyn de Volkaersbeke.

Gachard, Relation des troubles de Gand sous Charles-Quint, p. 360. — D’Hollander, Mémoires. — Steur, Insurrection des Gantois sous Charles-Quint. — Messager des sciences et des arts, 1848. — K. de V., Histoire généal. et herald. de qq. fam. de Fland. — K. de V., Les Borluut du XVIe siècle.

BORLUUT (Josse), seigneur de Boucle-Saint-Denis, chevalier de Saint-Jean de Jérusalem, plus connu sous le nom de « seigneur de Boucle », était fils de Liévin et de Marie Damman. Il occupe une place distinguée parmi les hommes qui prirent part au mouvement politique des Pays-Bas vers la fin du XVIe siècle. Sincèrement dévoué à son pays, il fit de généreux efforts pour sauver les libertés communales menacées tour à tour par le despotisme espagnol et par les sectes révolutionnaires. Il était pensionnaire de Gand et, en cette qualité, les états de Flandre et le magistrat de la ville le chargèrent de plusieurs missions importantes, tantôt en France auprès du duc d’Anjou, qui convoitait la souveraineté des Pays-Bas, tantôt à Bruxelles auprès des états généraux, qui faisaient de vains efforts pour éteindre la guerre civile. Dans toutes ces circonstances, Borluut se conduisit avec autant de prudence que de fermeté.

Lorsqu’en 1577, jiendaut la nuit du 28 au 29 octobre, Hembyse et Ryhove s’emparèrent du pouvoir et se saisirent du duc d’Arschot, gouverneur de la Flandre, le seigneur de Boucle usa de l’autorité dont il disposait pour empêcher l’exécution des mesures tyranniques qu’Hembyse ne cessait de prendre à l’égard des citoyens qui n’applaudissaient pas à ses audacieux projets. Cependant l’énergie de Borluut ne réussit point à vaincre l’obstination des fauteurs de troubles, iconoclastes fanatiques, souillés de sang et avides des trésors des églises. Gand était devenu le foyer de l’insurrection soufflant la guerre civile dans toutes les provinces. C’est alors que le prince d’Orange résolut de mettre un terme aux excès du tribun. Le 13 août 1580, il se rendit à Gand et procéda au renouvellement de la magistrature. Hembyse fut déclaré déchu des dignités qu’il s’était illégalement arrogées et condamné à l’exil. Le seigneur de Boucle fut proclamé, à sa place, premier échevin de la Keure, haute position qui l’investissait d’une puissance très-étendue, non-seulement sur le territoire de Gand, mais encore sur la province tout entière. Sous cette nouvelle magistrature, la Flandre respira et l’on vit partout l’ordre et la justice reprendre leur empire.

Devenu Premier de Gand, Borluut ne négligea rien pour cicatriser les maux causés par la domination des sectaires. Son activité ne connaissait pas de bornes, et il suffira, pour s’en convaincre, de parcourir la correspondance qu’il entretenait avec les états généraux et les hommes les plus considérables de son temps, tels que le prince d’Orange, l’archiduc Mathias, le duc d’Anjou, Charlotte de Bourbon, le comte d’Egmont, le prince de l’Espinoy le seigneur de Champagny, Marnix et d’autres encore qui prirent une part active aux affaires politiques de cette mémorable époque.

Cependant Hembyse, qui s’était retiré à Frankenthal, avait conservé des partisans dans la capitale de Flandre avec lesquels il entretenait des relations suivies. Par des intrigues habilement menées, il réussit à provoquer de nouveaux désordres. La peur, toujours mauvaise conseillère, paralysa tous les actes et l’autorité communale, livrée à elle-même, se trouva bientôt sans force devant l’émeute qui grondait dans les rues et répandait partout la terreur. Hembyse revint dans sa patrie, le 24 octobre 1583; il fit son entrée à Gand au milieu des acclamations d’une populace en délire. Aussitôt des