Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 2.djvu/437

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Un Français, le sire de Crussol, ayant entendu parler de son mécontentement, vint le trouver, lui vanta la générosité de son roi et finit par lui inspirer l’idée d’entrer à son service. Louis XI résolut aussitôt, avec sa finesse habituelle, d’exploiter les intentions de notre personnage. Il lui fit faire sous main les propositions les plus brillantes, dans le cas où il l’aiderait à se débarrasser du duc de Bourgogne, son plus cruel ennemi. D’autres que Baudouin avaient à se plaindre; il n’aurait donc point manqué de complices et encore moins d’occasions de donner à un meurtre les apparences honnêtes d’un fatal accident; mais il n’y avait point en lui l’étoffe d’un grand criminel : aux premiers soupçons, il se sauva en France (décembre 1470). Charles le Téméraire demanda son extradition; non-seulement le roi de France la lui refusa, mais il fit don à Baudouin de la vicomte d’Orbec. Au bout de quelques années, le grand bâtard de Bourgogne ayant intercédé en faveur de son frère, Baudouin rentra dans les bonnes grâces du duc, ce qui nous paraît d’autant plus extraordinaire que le manifeste bourguignon de 1472 marque encore une vive irritation et que, d’ailleurs, la clémence de Charles le Téméraire n’apparaît nulle part dans l’histoire. Baudouin fut désormais un fidèle sujet : il se battit comme tel à Granson, à Morat et sous les murs de Nancy. À cette dernière affaire, il fut fait prisonnier en même temps que son frère, le grand bâtard, et conduit en France. « Dans la suite, » nous dit M. E. Galesloot, « il fut envoyé comme ambassadeur en Espagne pour traiter du mariage de Philippe le Beau avec Jeanne de Castille. Il déploya un grand luxe dans cette ambassade et se montra aussi noble que généreux. Bref, il se fit admirer des Espagnols et prouva qu’il était le digne époux de dona Maria de Manuel de la Cerda, qui elle-même était du sang royal de Castille. Il mourut en 1508, comblé d’honneurs et de richesses, et fut enterré à Falais, seigneurie importante, située près de Huy, qu’il avait acquise et non reçue en don de Philippe le Beau, comme le croit le baron de Reiffenberg et d’autres historiens. Il laissa quatre enfants légitimes et trois bâtards. »

C. A. Rahlenbeck.

Barante, Histoire des ducs de Bourgogne, édit. Marchal, Bruxelles, 1839, t. VII, p. 129. t. VIII, pp. 17-19, 68. — Le Petit, Grande chronique de Hollande, édit. de 1602, t. I, pp. 156-484. — E Galesloot, Jacques de Bourgogne, seigneur de Falais, et sa famille, dans la Revue trimestrielle, t. XXXIV, Bruxelles, 1862. — Mémoires de Philippe de Commines, liv. III, ch. i et ii.

BOURGOGNE (François DE), fils de Baudouin de Bourgogne, dit de Lille, seigneur de Manilly et de Falais, bâtard du duc Philippe le Bon, et de dame Jacqueline de Gavre, était l’un des meilleurs poëtes latins qui sortirent, au XVIe siècle, de l’Université de Louvain. On a fait de lui un seigneur de Nevers, d’autres ont écrit Nieuberne, et d’autres encore Neuverre. Nous croyons qu’il convient de lire Nieuw Verre, terre de Zélande, qui appartenait à sa famille. Son mariage avec une fille naturelle de Philibert de Châlons, prince d’Orange, contribua à faire de lui un personnage. Il vint à la cour de Bruxelles et reçut de la gouvernante des Pays-Bas, Marie, reine de Hongrie, la charge de maître d’hôtel, qui avait une certaine importance à cause des missions délicates ou confidentielles qui y étaient attachées. Valère André, Foppens et Paquot accordent à notre poëte le nom de Falais, bien que cette terre, après avoir appartenu à son frère consanguin, Philippe de Bourgogne, ait été léguée par celui-ci, en 1542, à son neveu Jacques de Bourgogne. Cette dénomination territoriale pourrait cependant avoir eu quelque fondement, puisque M. Gachard cite, en 1555, au nombre des officiers de la maison de la reine Marie, un sire de Falais qui ne pouvait être ni Philippe de Bourgogne, décédé, ni son héritier Jacques de Bourgogne, alors banni et réfugié en Suisse.

On ne connaissait encore, il y a quelques années, des œuvres de François de Bourgogne, que son épitaphe en l’honneur d’Érasme, lorsqu’un savant allemand, M. F. L. Hoffmann, bibliothécaire de la ville de Hambourg, retrouva, dans le dépôt confié à ses soins, les compositions inédites de notre auteur que Valère André avait vues deux siècles au-