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BELLEMANS (Daniel), poëte, ne à Anvers en 1640, chanoine régulier à l’abbaye de Grimbergen, près de Yilvorde, et plus tard, curé à Horssen, où il mourut le 12 février 1674. Il publia deux volumes de chansons et de poésies légères, qui eurent beaucoup de vogue ; ils furent réimprimés à différentes reprises, même après la mort de l’auteur jus- qu’au milieu du xviiie siècle : la onzième édition du Paradys-vogel parut à Bruxelles, en 1695. Ses vers ont un cachet particulier et plusieurs pièces de ce volume mériteraient encore d’être réimprimées, entre autres les suivantes : Adieux au monde, p. 41 de la huitième édition. — Le brin de paille et le charbon ardent. Fable ; p. 44. — La lutte, p. 60. — Le rossignol, p. 115. — La rose, p. 117.

Les titres de ces ouvrages sont : 1° Het citherken van Jesus, spelende sestigh nieuwe liedekens op het groot jubilé van het H. Sacrament van Mirakel tot Brussel. Brussel, 1670, in-12, obl., pp. 176. Seconde édition, ibidem, 1675. — Anvers, 1716. Ce recueil est précédé d’une pièce de vers à l’éloge de l’auteur par le jésuite Adrien Poirters, célèbre poëte de cette époque. 2° Den lieffelyken paradys-vogel, behelsende Geestelyke Liedekens van de Goddelyke liefde ende het verlangen van het Hemels Vaderlandt. Den viii druk. T’Antwerpen, in-12, obl., pp. 192.

Ph. Blommaert.

BELLER (Jean) ou BELLERE, savant linguiste et imprimeur d’Anvers, au xvie siècle. Sorti d’une famille dont on ne connaît pas bien l’origine, il fut établi à Anvers dès la première moitié du siècle, et il y exerça son art jusque dans un âge avancé. Sous deux rapports, il fut cité avec distinction parmi les imprimeurs nombreux et habiles de la grande cité pendant la même période : d’une part, on rechercha ses éditions pour la beauté des caractères et la qualité du papier (voir B. de Malinkrot, Ars typographica, c. XIV, p. 95) ; d’autre part, on le loua comme possédant une connaissance plus profonde de la langue latine que les plus instruits de ses confrères, et même que Christophe Plantin. C’est à ce second point de vue que la carrière de Jean Beller mérite une mention toute spéciale dans l’histoire des imprimeurs autrefois célèbres dans nos provinces ; on retrouve, en effet, plus d’une fois l’auteur dans les livres sortis de ses ateliers et portant son nom. Voici d’abord celles de ses publications qui justifient d’une érudition latine peu commune : un Onomasticon, imprimé à Anvers en 1553, et une réimpression avec de nombreuses additions, du Vocabularius, dictionnaire latin-espagnol, d’Antonius Nebrissensis ou Antoine de Lebrixa, le célèbre humaniste de Salamanque (mort en 1522). Le premier de ces ouvrages fut confié par Beller aux presses de Steels ; mais il eut lui-même l’honneur de mettre la main à la rédaction du contenu : il prit pour base de son Onomasticon, d’une part, le Thesaurus linguæ latinæ de Robert Etienne, qui avait eu trois éditions à Paris, de 1531 à 1543, et le Dictionarium latino-gallicum, mis en rapport par le docte éditeur avec son Thesaurus (Lutetiæ, 1546), et d’autre part, les répertoires publiés à Zurich par Conrad Gesner dans les années antérieures à 1553. Beller fit en sorte d’ajouter à ces sources des noms nouveaux et en particulier des noms modernes de lieux. Il est cependant un autre genre de travail qui lui mérita également l’estime des gens instruits : connaissant plusieurs langues modernes, il traduisit quelques ouvrages de l’italien, du portugais ou du latin en français ; il obtint des éloges pour ces travaux littéraires, et il reçut même des encouragements dans sa tâche de traducteur de la part de Christophe Plantin qui l’avait pris pour associé dans les premiers temps de son établissement à Anvers (1555-1560). Il est plausible de croire que Beller qui s’était quelquefois servi des presses d’autrui a mis ses ateliers, dans le principe, à la disposition de Plantin, ou du moins qu’il se chargeait du débit des livres dont ce typographe était l’éditeur ; on lit sous le titre de quelques-uns : « chez Jean Beller » (voir les Annales de l’imprimerie plantinienne, par le P. De Backer et M. Ch. Ruelens. p. 6-10, p. 16). C’est à Beller qu’appartient la version d’un ouvrage vanté au