Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 3.djvu/109

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nument d’Ancyre, que Schott, à qui il l’envoya, fit insérer dans le Suétone de Grevius.

Busbecq compte aussi parmi les naturalistes dont la Belgique s’honore. On lui doit l’introduction en Europe du lilas, des tulipes, du marronnier d’Inde et de plusieurs autres plantes et arbustes qu’il avait vus à Constantinople et dans l’Asie Mineure.

Comme écrivain, la pureté, l’élégance de son style, lui assignent un rang distingué parmi les hommes marquants du XVIe siècle. On a de lui : I. Quatre lettres où il fait le récit de ses deux ambassades en Turquie; elles sont adressées a Nicolas Micault, seigneur d’Indevelde, conseiller au conseil privé des Pays-Bas[1]. Les deux premières, consacrées à son premier voyage, furent publiées, sans sa permission, à l’imprimerie Plantinienne, à Anvers, en deux éditions différentes, 1581 et 1582, in-8o, sous ce titre : Itinera Constantinopolitanum et Amasianum, et de re militari contra Turcas instituenda consilium. Sept années plus tard, elles parurent ensemble à Paris, sous les yeux et par les soins de l’auteur; elles étaient intitulées : A. G. Busbequii legationis Turcicæ Epistola IV, etc., in-8o. Elles obtinrent un grand succès, par la profondeur, la clarté avec lesquelles y étaient analysés la politique ainsi que les éléments de force et de faiblesse de l’empire ottoman : « Ces quatre lettres seules, dit un biographe, en apprennent autant que tous les livres composés depuis sur la Turquie, et elles n’ont pas peu contribué à détruire la terreur qu’inspirait en Europe le nom des Ottomans. » Hotman les cite, dans son Traité de l’office d’un ambassadeur, comme des modèles à suivre; Scaliger, qui n’aimait guère à louer, en parle avec de grands éloges. Aussi eurent-elles plusieurs éditions (Hanovre, 1605 et 1629; Munich, 1620), et furent-elles traduites en allemand (Francfort, 1596, in-8o); en français (Paris, 1646, in-8o); en hollandais (Dordrecht, 1652, in-8o); en anglais (Londres, 1694, et Glascow, 1761; in-8o). II. Lettres à l’empereur Rodolphe II sur les affaires de France; elles parurent à Louvain en 1630 sous ce titre : Epistolæ ad Rudolphum II Imper. à Gallia scriptæ, éditæ à J. B. Houwaert, in-8o, et à Bruxelles, en 1631, in-8o, sous le titre de A. G. Busbequii Cæsaris apud regem Gall. legati epistolæ ad Rudolphum II Imperat., è bibliotheca J. B. Houwaert, etc. L’abbé Buchet, chanoine d’Usez, en donna une traduction française, Amsterdam, 1718, in-12, et Continuation des Mémoires de littérature et d’histoire, t. XI, 2e partie, 1731. Ces lettres jettent un grand jour sur ce qui se passait à la cour de France, sur le caractère de Henri III, de Catherine de Médicis, du duc d’Anjou, du roi de Navarre, de Marguerite de Valois et sur les événements du temps. Une édition complète des deux ouvrages que nous venons de citer, comprenant aussi l’opuscule De re militari contra Turcas, et l’allocution adressée à Ferdinand Ier, en 1562, par l’envoyé du sultan, Ibrahim Strozzeni, sortit des presses des Elzévirs, à Leyde, en 1633, in-12, et fut reproduite à Bâle par Brandmuller, 1740, in-8o, sous ce titre : Augerii Busbequii Omnia quæ exstant. Louis-Étienne de Foy, chanoine de Meaux, traduisit le tout, et y ajouta de nombreuses notes historiques et géographiques; son livre, publié à Paris en 1748, 3 vol. in-8o, est intitulé : Lettres du baron(!) de Busbec, ambassadeur de Ferdinand I, roi des Romains, etc., auprès de Solimon II, empereur des Turcs, nommé ensuite ambassadeur de l’empereur Rodolphe II à la cour de France sous Henri III, etc.

Busbecq laissa en manuscrit deux ouvrages qui ne sont point parvenus jusqu’à nous; l’un portait pour titre : De vera nobilitate historia; l’autre : Historia Belgica trium fere annorum quibus dux Alençonius in Belgio est versatus. On doit surtout regretter la perte du second : Busbecq y avait vraisemblablement développé et complété les indications que

  1. Et non au conseil privé de Ferdinand, comme le disent tous les biographes. Micault avait été appelé à faire partie du conseil privé des Pays-Bas par lettres patentes de Charles-Quint données à Bruxelles le 28 janvier 1554 (1555, n. st).