Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 3.djvu/126

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ses dessins comme il le fit à son tour d’après ceux de Sarrazin. Vers le temps où il travaillait pour M. Bordier, le fermier général, il arriva à notre statuaire une affaire mystérieuse qui ne fut jamais expliquée. « Il se vit, dit Guillet de Saint-Georges, embarrassé dans une affaire violente qui se passa dans le cours de la Reine, et qui, ajoute une biographie écrite au XVIIIe siècle, coûta la vie à un homme » Buyster fut poursuivi en justice et ne dut l’oubli de ce qui s’était passé qu’à l’ancienne amitié de M. Sarrazin qui obtint pour lui, auprès du cardinal de Richelieu, la protection et l’intercession du secrétaire d’État, Des Noyers, grand ami des arts et des artistes. Buyster ne fut sans doute point le principal coupable, mais cependant il dut jouer là un rôle qui ne fait pas trop son éloge.

On connaît les démêlés qui eurent lieu à cette époque entre la corporation des artistes et l’Académie. Buyster, qui avait occupé tous les grades dans la maîtrise, fut un de ceux qui aplanirent les difficultés et qui firent en sorte, qu’en 1651, les deux corps ennemis se réconcilièrent et s’unirent. Le Brun, sans doute pour reconnaître les bons offices de Buyster à cette occasion, se démit en sa faveur de ses fonctions d’ancien ou de professeur; trois autres membres de la maîtrise reçurent également le titre d’anciens, ainsi qu’il en avait été convenu dans la transaction. Malheureusement les vieilles discordes reparurent; la bonne harmonie ne dura pas longtemps; et, cette fois, Buyster soutint les prétentions de la maîtrise contre l’Académie; il refusa si obstinément de reconnaître l’autorité de celle-ci qu’il en fut exclu et destitué de sa qualité d’ancien par un arrêt rendu le 2 janvier 1655. Il fallut huit ans à Buyster pour revenir à des idées plus conciliantes; enfin, en mai 1663, il rentra à l’Académie et deux ans plus tard il donna son morceau de réception, un Satyre en terre cuite. Buyster avait obtenu le titre de sculpteur ordinaire du roi et c’est sous ce nom qu’il est désigné dans l’acte ou le devis pour le monument du cardinal de la Rochefoucauld; il avait un logement au Louvre, faveur qui n’était accordée qu’aux artistes de premier rang.

Après le Faune de Versailles, Buyster songea à se retirer. Du fruit de son travail, il avait acquis une propriété aux Porcherons, au delà du faubourg Montmartre; c’est là qu’il alla jouir enfin d’un peu de repos; cependant, malgré son grand âge et quoiqu’il n’acceptât plus de commandes, il ne sut jamais rester oisif. Il travailla volontairement pour l’église de Notre-Dame de Lorette qu’il voulait embellir et où il voulait être enterré. Quand ces travaux furent achevés, il en commença un d’une toute autre nature et dont l’idée annonce au moins un esprit original, sinon très-philosophique. Buyster résolut de sculpter lui-même son tombeau. Il se mit à l’œuvre et ne se pressa point; sa main octogénaire ne trembla pas trop en taillant le froid lit de pierre où il devait dormir un jour. Pendant sept années, il s’appliqua à sculpter cette œuvre qui trahit sans doute l’âge de son auteur, mais où son propre portrait, de forme ovale, supporté par une console élevée sur un piédestal, est encore bien travaillé et très-ressemblant. Le tombeau porte deux inscriptions, une latine et une française; les vertus du peintre y sont célébrées bien que l’on prétend qu’il en soit lui-même l’auteur. L’originalité d’esprit qui a conçu l’idée du monument peut fort bien avoir complété son œuvre en y inscrivant l’épitaphe. Celle-ci mentionne encore un service perpétuel fondé par Buyster, un autre service pour sa femme, et tous deux accompagnés d’une distribution de cent sous faite aux pauvres. Buyster mourut le 15 mars 1688, après avoir atteint sa quatre-vingt-treizième année.

Ad. Siret.

BUZEN (Gérard), professeur, médecin, né à Zichen, en 1751, mort le 26 décembre 1841. Voir Buesen (Gérard).

BUZEN (Gérard-Servais), homme de guerre, né le 22 septembre 1784, à Schyndel (Brabant septentrional), mort à Bruxelles, le 5 février 1842. Buzen entra volontairement au service dans le 13e régiment de chasseurs à cheval, le 21 mars 1803. Blessé et fait prisonnier par les Prussiens après la bataille d’Iéna en