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qu’elle a conservée à la mémoire et au talent de l’artiste flamand; plusieurs documents y ont été publiés sur Calvaert, entre autres une notice historique en 1832, puis des articles dans les Mémoires concernant les beaux-arts. Dans ceux-ci se trouve un contrat passé entre le peintre et un seigneur qui lui avait commandé un tableau; ce tableau devait coûter sept cents livres bolonais. Ce contrat suffirait, à lui seul, pour témoigner de la valeur attribuée au mérite de notre artiste. Enfin on trouve dans la même publication le testament de Calvaert. Cette pièce est des plus intéressantes; il lègue sa fortune à des neveux anversois nommés Van Os, fait quelques donations pieuses, mais ne laisse rien à sa femme. L’histoire ne nous a pas transmis le nom de cette dernière, mais il est permis de croire que le mariage de Calvaert, stérile du reste, ne fut pas heureux.

D’après ce que nous avons dit, il est facile de déterminer le rôle que l’artiste anversois joua en Italie et l’influence qu’il exerça sur l’art de son époque. Cette influence fut considérable. En pleine décadence de goût, de dessin, de style et de coloris, l’école bolonaise n’avait plus à citer aucun nom digne des siècles passés. Le sentiment énergique de l’artiste du Nord comprit à quel point les mièvreries envahissaient le grand art. Il fit tous ses efforts pour ramener le goût à des idées plus saines, pour rendre à la nature et à la vérité leur empire, à la couleur sa magie, au dessin sa pureté et sa sévérité. Il ne réussit qu’en partie. Pour arriver à une entière réaction, il eût fallu un génie plus vaste, plus vigoureux, plus complet que le sien. Cependant, tel qu’il fut, il rendit d’immenses services, et, fait assez rare, l’art italien le comprit et lui en fut reconnaissant. Sa composition est pleine de chaleur et de mouvement, son dessin est savant et d’une remarquable pureté; enfin il sut conserver cette qualité que les Flamands semblent avoir de naissance, il fut coloriste. La fresque et l’huile lui étaient également familières, et ses sujets, de petite ou de grande dimension, exécutés avec le même soin et le même succès. Il n’y eut que le style où il ne réussit pas à vaincre son époque; il y resta loin de la pureté de ses devanciers et c’est par ce côté que son génie donne prise à la critique.

Calvaert peignit une quantité considérable de tableaux et de fresques et exécuta non moins de dessins. M. Fétis cite un célèbre amateur de Nuremberg, M. de Fraun, pour lequel il travailla beaucoup. Le cabinet de M. de Fraun, envié par l’empereur Rodolphe II et légué par son propriétaire en fidéicommis pour le conserver plus tard à Nuremberg, a été dispersé on ne sait comment et sans qu’on ait pu retrouver ses traces. Il contenait de Calvaert les tableaux suivants : Conversion de Saint Paul (1614); la Symétrie; Saint Michel; portrait de Calvaert; Sainte Famille, d’après Raphaël; Jupiter et Sémélé; Vénus; Baptême du Christ; Sainte Cécile; Noli me tangere; Jugement de Pâris; Mariage de sainte Catherine; Nativité de J.-C.; Bacchus jouant de la flûte; Portrait de Madeleine Belpino de Bologne, æt. 93, servante de M. Paul de Fraun; le Goût (portrait allégorique). De plus quelques dessins capitaux. Voici maintenant la liste des œuvres de Calvaert conservées dans les lieux publics ou dans des collections privées inaliénables. Nous la résumons dans les limites du cadre qui nous est tracé. On en formera le catalogue plus ou moins complet en consultant les auteurs indiqués aux sources. A Bologne, églises et musées, vingt-quatre tableaux et fresques dont les sujets sont tous empruntés à l’histoire religieuse et mythologique; à Rome, une Passion et une Madeleine; à Florence, une Assomption de la Vierge; à Reggio, une admirable peinture représentant la Vierge assise sur un trône; à Plaisance, Martyre de saint Laurent, signé et daté (1583); à Parme, une Transfiguration; à Mantoue, un Martyre de sainte Agnès; à Turin, une Sainte Marie Madeleine; à Vienne, un portrait d’homme; à Dresde, une copie de la Sainte Cécile, de Raphaël; à Saint-Pétersbourg, la Visitation; à Lisbonne, Jésus Christ au mont Thabor; à Caen, un Saint Sébastien; en Angleterre, on connaît une Vierge et une Annonciation.