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pointements, outre, parfois, une gratification de cinq cents livres. D’ordinaire, les talents futiles sont mieux rétribués. Marie-Anne de Camargo ne se retira qu’en 1751; elle obtint du roi de France la pension dont mademoiselle Prévost avait joui, et mourut à Paris en l’année 1770.

François de Cupis de Camargo, l’un de ses frères et qui fut baptisé à Bruxelles dans la paroisse des Saints Michel et Gudule, le 10 mars 1719, se fit une certaine réputation comme violoniste; il entra, en 1741, dans l’orchestre de l’Opéra, qu’il quitta en 1764, et laissa deux fils, tous deux musiciens : l’un, de peu de talent, et qui mourut en 1772; l’autre, d’un mérite réel, nommé Jean-Baptiste, et qui épousa la cantatrice Julie Gasperini, avec qui il vivait à Milan, en l’année 1794.

Alph. Wauters.

Album national, 1re et 2e livraisons. — Romey, dans le Nouveau Dictionnaire de la Conversation, t. IV, p. 352 (edit. de Bruxelles). — Schoonen, Esquisse biographique sur la Camargo (Almanach artistique de la Belgique. Bruxelles, 1849, in-12). — La Belgique ancienne et moderne, canton de Genappe, passim.

CAMARGO (Théodore ou Thiery, baron de), était le petit-fils d’un gentilhomme espagnol venu en 1567 avec le duc d’Albe aux Pays-Bas. Ce fut son grand-père ou son grand-oncle, ce capitaine Melchior de Camargo qui arrêta à Louvain le comte de Buren, fils ainé du prince d’Orange et le conduisit à Flessingue, où il fut embarqué pour l’Espagne. Son père, Louis de Camargo, capitaine pensionné et membre du conseil de guerre, décédé à Bruxelles, en 1639, avait eu quinze enfants de ses deux femmes. Ses fils, presque tous, embrassèrent la carrière des armes. Un seul, Pierre, qui était, en 1635, gouverneur de Dunkerque pour le roi d’Espagne, ne fut point élevé par Ferdinand II à la diginité de baron du Saint-Empire, probablement parce qu’il n’avait pas figuré aux guerres d’Allemagne. Théodore, au contraire, y intervint de bonne heure et largement. Il était déjà capitaine en 1617, quand il partit pour les guerres de Savoie avec son régiment de mousquetaires wallons, commandé par Claude de Beauffort. Ce fut comme vaguemestre du régiment de cuirassiers du comte Fugger qu’au bout de trois ans il reparut en Allemagne. On était alors à la veille de la bataille de Prague (novembre 1620). Il y assista sous les ordres de son illustre compatriote, le comte de Bucquoy. La Bohème fut rendue à l’Empereur, mais la Moravie continua à lui résister. Camargo y suivit l’armée impériale. Pendant le siége de Neuhausel, en Hongrie, le comte de Bucquoy commit l’imprudence d’aller, mal accompagné, au secours de ses fourrageurs. Il fut accablé sous le nombre et tué misérablement. Camargo rallia les fuyards, leur fit honte et parvint, à leur tête, à arracher à l’ennemi le corps de leur chef. Ce fait d’armes le mit en évidence. Nous le retrouvons l’année suivante (août 1622) lieutenant-colonel, commandant son régiment à la bataille de Fleurus, qui fut pour l’armée belge une victoire douteuse, quoiqu’en aient dit les proclamations et correspondances espagnoles du temps, généralement empreintes d’une exagération toute méridionale. Plusieurs régiments venus de Westphalie et du Palatinat, pour tenir tête à Mansfeld et servir au siége de Berg-op-Zoom, reprirent le chemin de l’Allemagne. Celui du comte Fugger, que Camargo commandait, fut du nombre. Notre personnage passa alors sous les ordres du comte de Tilly, chef des armées de la Ligue catholique, et fit la guerre du Danemark. Sa récompense fut un régiment d’infanterie impériale portant son nom et les lettres patentes qui le créaient, lui et ses frères, « à tout jamais barons » (août 1630). Il assista au terrible siége de Magdebourg, où il y eut tant de sang inutilement répandu; et à la plus terrible bataille de Breilenfeld, où Tilly perdit son prestige d’invincibilité, où ses vieux régiments wallons, tant redoutés, ne cédèrent la victoire qu’avec la vie (septembre 1631). Disons-le ici, puisque l’occasion s’en offre naturellement : nos compatriotes ont étè calomniés; ils étaient plus terribles que cruels, et la haine qu’on leur porta signifie surtout qu’on voyait en eux les agents les plus actifs et les plus sérieux d’une réaction à outrance. Camargo voulut re-