Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 3.djvu/297

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ratifs furent faits, il annonça aux grands et aux villes des royaumes de Castille son prochain départ pour Barcelone : il ne leur disait pas positivement qu’il se disposait à traverser la Méditerranée ; mais il le leur faisait assez comprendre ; il leur notifiait, dans la même lettre, que, pendant son absence, le gouvernement serait exercé par l’impératrice, auprès de laquelle resterait le prince Philippe, que les cortès avaient reconnu pour prince des Asturies au mois d’avril précédent[1]. Il quitta Tolède, où il avait séjourné plusieurs mois, le 9 mars 1529 ; le 30 avril il arriva à Barcelone.

Déjà nous avons fait remarquer combien Charles attachait de prix à l’amitié du pape. Clément VII, de son côté, instruit par les leçons de l’expérience, était revenu à de meilleurs sentiments pour l’empereur. Après son évasion du château Saint-Ange, il s’était gardé de renouer ses liaisons avec la France ; il avait même écrit à Charles-Quint (11 janvier 1528) une lettre affectueuse et où il exprimait la confiance qu’il plaçait en lui. Le 21 juin 1528, à Viterbe, il s’engagea, par un acte signé de sa main, à exécuter le traité auquel il avait souscrit pour sa délivrance, à condition que l’empereur accordât ce qu’il lui faisait demander par le cardinal de Saint-Sixte et en jurât l’observation ; il promettait, par le même acte, et jurait in verbo et fide romani pontificis, d’être à toujours ami de l’empereur, de ne se détacher de lui directement ni indirectement, au cas que l’empereur eût envers sa personne les égards qu’un fils devait à son père ; enfin il y donnait l’assurance qu’il convoquerait un concile dans l’année qui suivrait la conclusion de la paix. Les demandes auxquelles le pape faisait allusion étaient que Civita Vecchia et Ostie lui fussent restituées avec l’artillerie qui s’y trouvait, quand on les avait remises aux troupes impériales, et ce qu’on y avait transporté du château Saint-Ange et d’ailleurs ; qu’il fût dégagé des promesses de garantie qu’on l’avait contraint de faire durant sa captivité ; que les cardinaux détenus en otage au château-neuf de Naples fussent en conséquence rendus à la liberté.

Charles-Quint, le 3 septembre, ratifia et promit d’accomplir l’acte du 21 juin 1528. Il n’en était pourtant pas entièrement satisfait, et il donna l’ordre à micer Miguel May[2], qu’il venait de choisir pour son ambassadeur auprès du pape, ainsi qu’au prince d’Orange, d’agir de concert afin d’amener ce pontife à contracter avec lui une union plus étroite. Sur ces entrefaites, Clément tomba grièvement malade. Lorsque, après son rétablissement, l’ambassadeur espagnol mit sur le tapis la négociation dont il était chargé, Clément, flottant de nouveau entre l’aigle impériale et le coq gaulois[3], déclara qu’il voulait rester neutre[4]. Ses hésitations ne cessèrent[5] qu’après qu’il eut acquis la certitude de la prochaine venue de l’empereur en Italie; alors il fit partir pour Barcelone Girolamo Schio, évêque de Vasone, qu’il nomma son nonce à la cour d’Espagne, en lui donnant le caractère de légat à latere. Ce prélat était porteur de ses pleins pouvoirs à l’effet de traiter avec l’empereur, qui, de son côté choisit pour ses plénipotentiaires son grand chancelier, Louis de Flandre, seigneur de Praet, et le seigneur de Granvelle. Le traité fut conclu et signé le 29 juin. Il portait que le pape et l’empereur auraient une entrevue en Italie; qu’Alexandre de Médicis épouserait Marguerite, fille naturelle de l’empereur et serait mis en possession de l’Ëtat de Florence;

  1. Lettre du 20 janvier 1529, dans Sandoval, liv. XXVII, § XXII.
  2. Il était un des conseillers régents au conseil d’Aragon.
  3. Il avait fait dire à l’empereur, en lui envoyant l’acte du 21 juin 1528, « qu’il ne désirait pas que l’aigle volât en Italie, ni que le coq y chantât. »
  4. Lettre du sieur de Waury à l’empereur écrite de Naples, le 16 mars 1529.
  5. Plutôt par crainte que de bonne volonté, mandait le prince d’Orange à l’empereur le 26 avril.
        Lorsqu’on apprit, à la cour de France, la négotiation de Barcelone, la mère de François Ier, Louise d Angoulême, dit au secretaire de le Sauch, envoyé de l’archiduchesse Marguerite : « Vous euydez que le pape soit vostre : mais non est, et ne tasche synon d’empescher l’allée de l’empereur en Italie, et tenir ces princes en débat; et ne vault riens pour vous ny pour nous ny pour l’Église... » (Lettre de Marguerite à Charles-Quint du 30 juin 1529.)