Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 3.djvu/378

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Schorndorf; que, dans le délai de six semaines, son fils Christophe et son pays ratifieraient toutes ces conditions; qu’enfin son frère Georges ne jouirait point du bénéfice du traité[1]. Cinq jours après, trois députés du duc Ulric, au nombre desquels était son chancelier, eurent audience publique de l’empereur en présence de l’électeur palatin. S’étant mis à genoux, ils lui dirent, par la bouche du chancelier qu’ils venaient, de la part de leur maître, confesser qu’il avait offensé grièvement son souverain seigneur; qu’il en ressentait une vive affliction; qu’il suppliait l’empereur de lui pardonner et d’avoir pitié de lui et de ses sujets. Charles leur fit répondre, par le vice-chancelier de Naves, que, le duc reconnaissant sa faute et en demandant pardon, il userait envers lui de sa clémence accoutumée; qu’il traiterait lui et les siens humainement et amiablement comme un bon prince devait faire ses bons sujets[2]. Ces députés étant sortis, Charles reçut les bourgmestres de la ville de Francfort, qui venaient aussi lui présenter leur soumission et implorer sa miséricorde, s’excusant sur ce que le landgrave les avait trompés[3]. Le jour suivant, des envoyés de sept autres villes de la ligue, dont les principales étaient Memmingen et Kempten, furent encore pour le même objet admis en sa présence. Les conditions auxquelles toutes ces villes obtinrent leur pardon étaient : qu’elles feraient serment d’être fidèles à l’empereur; qu’elles s’engageraient à observer les mêmes lois que les autres ordres de l’Empire; qu’elles renonceraient à l’alliance du duc de Saxe et du landgrave; qu’elles ii’entreraient à l’avenir dans aucune ligue contre la maison d’Autriche; qu’elles ouvriraient leurs portes à la garnison qui leur serait envoyée : une contribution de guerre proportionnée à leurs ressources leur était de plus imposée[4]. Le 18 janvier Charles partit d’Heilbronn, après que les habitants lui eurent prêté serment à la maison de la ville; il arriva à Ulm le 25. Les gouverneurs de cette ville impériale eurent pour lui une attention toute particulière : étant venus à sa rencontre aux limites de leur territoire, ils le complimentèrent en langue espagnole; il leur fit une réponse gracieuse dans la même langue[5]. Comme nous l’avons dit au commencement de cette notice, Charles-Quint ne savait pas l’allemand.

Charles reçut à Ulm la soumission de la ville d’Augsbourg, qui paya cent cinquante mille écus le pardon qu’il voulut bien lui accorder[6]. Il se proposait de prendre le chemin de Francfort, où il avait convoqué des députés des princes et des villes de l’Empire qui reconnaissaient son autorité, afin de les engager à se confédérer avec lui[7] : des lettres qu’il reçut du roi des Romains et du duc Maurice le firent changer de dessein. Jean-Frédéric n’avait pas seulement reconquis ce que ceux-ci lui avaient pris en Saxe, mais il s’était emparé de plusieurs de leurs possessions, et par les intelligences qu’il s’était créées en Bohême, une partie de ce royaume était en révolte ouverte contre le roi : Ferdinand écrivait à son frère que, s’il ne venait en personne à leur aide, tout serait perdu[8]. Charles lui envoya d’abord le marquis Albert de Brandebourg avec dix-huit cents chevaux et seize enseignes de piétons; quelques jours après il les fit suivre de huit enseignes de lansquenets sous les ordres du marquis de Marignan et six cents chevaux commandés par le marquis Jean de Brandebourg[9]; lui-même il se dirigea, vers la Saxe le 4 mars avec le reste de ses troupes, qui était peu considérable, car le pape venait de rappeler tous les Italiens qui étaient encore à son service, et il lui avait fallu destiner deux de ses régiments d’infanterie allemande, ceux des comtes Jean de Nassau et de Schauwen-

  1. Sleidan, t. II, p. 394.
  2. Journal de Vandenesse. — Sleidan, t. II, p. 394.
  3. Journal De Vandenesse. — D’Avila.
  4. Sleidan, l. c. — D’Avila, fol. 51.
  5. D’Avila, fol. 49.
  6. Sleidan, t. II, p. 399. — Suivant Mocenigo, Augsbourg aurait payé 300,000 florins.
  7. Lettre de Charles à Ferdinand du 19 février 1547, dans Lanz, t. II. p. 539.
  8. Lettre de l’évêque d’Arras à M. de Granvelle du 12 février 1547, dans les Papiers d’État de Granvelle, t. III, p. 240.
  9. D’Avila. — Lettre de Charles à Ferdinand du 2 février 1547, dans Lanz, t. III, p 529.