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parti Fyon. Ces deux hommes en étaient arrivés d’ailleurs, l’un envers l’autre, à une haine ouverte ; les choses s’envenimèrent à tel point que, le 4 décembre 1793, Fyon, fort probablement par suite des intrigues de son ennemi, fut arrêté et emprisonné au comité révolutionnaire de sa section. Sa captivité toutefois fut de courte durée. Sur ces entrefaites, les dissensions de l’assemblée étaient devenues si profondes que, le 25 décembre, les Franchimontois abandonnèrent de nouveau les Liégeois. il faut dire que, les plus modérés, Fyon à leur tête, n’en continuèrent pas moins à se considérer comme membres de l’assemblée liégeoise : Fyon en fut même nommé président après Bassenge. Cette attitude dut exaspérer ses anciens amis politiques ; Brixhe recommença à déclamer contre lui, si bien que finalement Fyon le souffleta un jour à la sortie du club des Jacobins. Ce coup d’éclat lui valut sa radiation des listes du club et et une nouvelle arrestation à Saint-Lazare en avril 1794. À partir de cette époque jusqu’à la réunion du pays de Liége à la France, on n’entendit plus parler de Fyon. Mais, après l’annexion, on le vit rentrer dans sa patrie et être nommé, en 1795, député de Liége au conseil des Anciens. Cette élection fut annulée pour sa couleur un peu trop accentuée dans le sens montagnard, et aussi parce que Fyon était soupçonné d’avoir trempé dans la conspiration de Babeuf. En l’an v, on retrouve Fyon à Vendôme. À la suite de l’explosion du 3 nivôse 1800, il fut inscrit sur la liste des Jacobins à déporter[1]. À partir de cette date, il disparaît de nouveau ; on sait seulement qu’il finit par se retirer à Liége, où il mourut obscurément en 1816. « Il ne paraît pas, dit Borgnet en appréciant la conduite politique de Fyon, qu’on puisse lui reprocher autre chose que la légèreté et l’inconsistance de son caractère ; elles le poussèrent à toutes sortes d’inconséquences et d’exagérations, sans cependant lui faire prendre part à ces odieuses dénonciations qu’on ne peut trop flétrir ». Quoi qu’il en soit, il reste vrai que peu d’hommes ont laissé dans leur ville natale un souvenir aussi populaire que Fyon, et il n’y a pas si longues années que tout vieux Verviétois se rappelait encore des vers wallons que le peuple avait chantés en son honneur et dans lesquels on prédisait son retour prochain.

Henri Pirenne.

Ad. Borgnet, Histoire de la révolution liégeoise. — Nautet, Notices historiques sur le pays de Liége, t. III. — Code du droit public des pays réunis de Franchimont. Stavelot et Logne. — Manuscrit appartenant à M. J. Mathieu, de Verviers. — Archives de la ville de Verviers. — Loyens, Recueil héraldique des bourgmestres, etc.

  1. Papiers de J.-R. de Chestret, Liége, 1881, in-8o, t. 1er, p. xxvi.