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développa beaucoup en Brabant sous le règne du duc. Mais il avait plutôt de l’affection pour l’ordre de Saint-Benoît et surtout pour l’abbaye d’Afflighem, qu’il favorisa de toute manière, ainsi que plusieurs prieurés ou couvents d’hommes et de femmes dépendant de ce monastère : Notre-Dame de Wavre , Saint-Pierre de Frasnes, dont il approuva la fondation en l’an 1096 ; Vlierbeek, qu’il fonda près de Louvain, en 1125 ; Merhem, près d’Alost, qui fut transféré à Forêt, près de Bruxelles, en 1106, et devint plus tard une riche abbaye de femmes ; Grand-Bigard, autre couvent de demoiselles, établi en 1133, par deux filles dévotes : Wivine et Emwara. Non content de ses largesses à ces établissements, Godefroid fit bâtir près des murs de Bruxelles, dans le quartier dit depuis de la Chapelle, un bel oratoire dédié à la Vierge, et en fit don, le 20 décembre 1134, à l’abbaye du Saint-Sépulcre, de Cambrai, de l’ordre de Saint-Benoît.

Lorsqu’il mourut, le 15 janvier 1140, ce fut à Afflighem qu’il voulut être enterré, devant le maître-autel. En 1603, le chroniqueur Phalesius vit encore des restes de son mausolée, qui était construit en pierres bleues de Tournai, élevé de quatre pieds au-dessus du sol et orné de statuettes ; la statue, alors en débris, était complètement revêtue d’une armure. Les initiales : G. B. D. B., c’est-à-dire Godefridus Barbatus dux Brabantiæ, qui se lisaient sur des fragments de cette tombe, prouvaient que c’était bien celle du premier duc de Brabant, car Godefroid est déjà surnommé le Barbu, dans un diplôme datant du règne de son fils.

Godefroid fut d’abord marié, non, comme on l’a dit quelquefois, à Sophie, sœur de l’empereur Henri V, mais à Ide, fille d’Albert, comte de Namur, puis à Clémence de Bourgogne, veuve de Robert II de Jérusalem, comte de Flandre. Cette seconde princesse mourut en 1131 et fut enterrée dans l’abbaye de Bourbourg. Le duo n’eut des enfants que de la première. Son fils aîné, Godefroid, lui succéda ; le plus jeune, Henri, après avoir porté quelque temps le titre de comte, prit l’habit religieux à Afflighem, peu de temps après la mort de son père (il mourut en 1141, le 27 septembre), et fut aussi enterré dans ce monastère. Les filles furent, parait-il, au nombre de trois : Clarisse, qui ne se maria pas ; Aleyde, reine d’Angleterre, qui, après le décès du roi Henri, en 1135, prit pour époux Guillaume, comte d’Arundel, et revint mourir dans sa patrie, et enfin Ide, que l’on croit avoir été femme d’un comte de Clèves. Josselin, qui est qualifié de frère de la reine Aleyde, était peut-être un fils naturel de Godefroid.

Alphonse Wauters.

Gesta abbatum Trudonensium, dans Pertz, Monumenta, Scriptores, t. X. — Sigeberti Chronica et Anselmi Gemblacensis continuatio, dans Pertz, loco cit., t. VI. — Butkens, Trophées de Brabant, t. 1er. — Wauters, Histoire des environs de Bruxelles, t. Ier, et Bulletins de la commission royale d’histoire, 4 série, t. 11.


GODEFROID II, duc de Basse-Lotharingie et marquis d’Anvers, en 1140, mort en 1142.

Ce prince avait déjà atteint, en 1110, sa majorité, ou du moins l’âge de quinze ou seize ans, puisqu’il assista à une donation faite par son père aux religieuses de Forêt ; il naquit donc en 1095 environ. Vers 1136 il fut associé au gouvernement des Etats de son père et reçut le titre de duc. Cette dignité lui fit confirmée par le roi ou empereur Conrad, dont il avait épousé la belle-sœur, Lutgarde, qui était, selon les uns, de la famille de Dachsbourg ; selon d’autres, dont l’opinion paraît moins soutenable, de celle de Salzbach, en Bavière.

Henri de Limbourg, fils du duc Waleran, qui avait succédé à son père, en 1139, essaya de disputer au jeune Godefroid l’autorité en Lotharingie. Mais celui-ci déploya une énergie peu ordinaire pour défendre ses droits. A la tête d’un corps nombreux de cavaliers et de fantassins, il assiégea la ville de Saint-Trond, obligea les bourgeois à se rendre et exigea d’eux des otages. De là il se porta sur Aix-la-Chapelle, entra victorieux dans cette ville, et y tint pendant deux jours un plaid, qu’il présida avec un grand appareil. Il exigea les