Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 7.djvu/445

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doute, à cette époque, en grande faveur à la cour impériale, où l’on se rappelait que son aïeul avait défendu la cause des Hohenstaufen contre Lothaire de Saxe. Le duc avait assisté, le 9 mars 1152, à l´inauguration de Frédéric Barberousse ; le 28 et le 29 décembre de l’année suivante, il se trouva à Trêves et y fut l’un des témoins de la confirmation par Frédéric des privilèges de l’abbaye de Gembloux et de l’église de Cambrai.

Cette situation exceptionnelle nous révèle comment il se trouva assez puissant pourfrapper les Berthout d’un coup terrible. En 1159, pendant la nuit du 1er octobre, il prit d’assaut et détruisit par le feu le château de Grimberghe, qui se trouvait, paraît-il, au hameau de Borght, à l’endroit où existe encore un immense monticule , ancien tumulus connu sous le nom de Berg van Seneca. Les Berthout continuèrent néanmoins la guerre, et Gérard, frère de Walter Berthout, qui se trouvait alors en Palestine, prit et détruisit, en 1159 ou 1160, la forteresse de Nedelaer et la petite ville de Vilvorde. Mais la paix se rétablit enfin. Dès 1162, on voit Walter et Gérard Berthout, dans une grande réunion qui se tint dans le chœur de l’abbaye de Grimberghe, confirmer de nombreuses donations faites aux religieux. En 1170, le duc était réconcilié avec ses turbulents vassaux ; il assista alors aux obsèques du chevalier Guillaume d’Eppeghem, et fut témoin de la charte dans laquelle Gérard Berthout ratifia les legs faits par le défunt à l’abbaye de Grimberghe. Enfin, en 1172, cette dernière renonça aux sujets de plaintes qu’elle élevait contre le duc et contre « leur terre « , c’est-à-dire contre leurs sujets.

La seconde partie du règne de Godefroid III est peu connue, ce prince n’ayant eu pour historiens que des écrivains médiocrement affectionnés à la maison de Louvain, comme le prévôt de Mons, Gislebert ou Gilbert. Le duc s’était réconcilié avec le comte de Flandre, qui avait, pendant quelque temps, soutenu les Berthout ; il aida Philippe d’Alsace dans une grande guerre entreprise pour assurer la liberté du commerce aux bouches de l’Escaut, alors infestées par des pirates. Philippe fit prisonnier le comte de Hollande, brûla Beveren, dans le pays de Waes, dont le seigneur avait bravé son autorité, et signa à Bruges, le 27 février 1168, une paix très avantageuse.

Godefroid, duc de Louvain, assista, le 29 décembre 1165, aux cérémonies qui eurent lieu à Aix-la-Chapelle pour la translation des restes de Charlemagne. Ce fut à sa demande que l’archevêque de Cologne, Philippe de Heinsberg, donna au chevalier Gérard d’Eppendorf, au mois de mai 1169, l’avouerie de Cologne, dont les droits furent alors déterminés. Il ne tarda pas à être rappelé des bords du Rhin par ses différends avec le comte de Namur et de Luxembourg, Henri dit l’Aveugle, et avec le comte de Hainaut, Baudouin, surnommé l’Edificateur. Celui-ci était extrêmement mécontent de ce que le seigneur d’Enghien, Hugues, après avoir construit un château à Enghien, l’avait relevé en fief du duché de Brabant ; lorsqu’une rupture éclata entre Godefroid et Henri l’Aveugle, Baudouin et son fils Baudouin réunirent aux Ecaussinnes une armée dans laquelle on comptait sept cents chevaliers et, selon le chroniqueur Gislebert, facilitèrent ainsi la conclusion d’une paix avantageuse pour leur allié.

L’année suivante, le seigneur de Trazegnies fit proclamer un tournoi près du château de ce nom. Le comte de Hainaut, de crainte d’être attaqué par les Brabançons, s’y rendit accompagné de trois mille piétons ; de son côté, le duc Godefroid partit pour la même localité, avec une escorte plus formidable, selon Gislebert, puisqu’elle consistait en trente mille hommes environ. Une chronique brabançonne (où l’on place ce fait en 1171), sans entrer dans plus de détails, nous apprend que tous les bourgeois de Bruxelles en faisaient partie. Lorsque Baudouin eut traversé la haie ou bois de Carnières, il se trouva en présence de ses ennemis, et il eut volontiers battu eu retraite, si un mouvement en arrière ne lui eût paru trop périlleux. Arrivé sur