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chapitre sixième

un hangar, j’allai à un très-modeste hôtel pour y passer la nuit.

Le lendemain, à sept heures du matin, la rivière était couverte d’un épais brouillard ; je partis néanmoins en me guidant sur le bruit des trains du chemin de fer de l’Hudson. Le trafic de la Compagnie est si énorme, que si l’on mettait ses convois de trains de marchandises à la suite les uns des autres, ils composeraient une ligne continue de quatre-vingts milles, de laquelle seize milles sont toujours en marche, la nuit comme le jour. Des bateaux à vapeur et des remorqueurs avançaient prudemment sur la rivière au milieu du brouillard, en sifflant à chaque minute pour avertir que le pilote ne dort pas au gouvernail. Il y eut une grande éclaircie à midi, et le soleil perçant à travers la brume, ces beaux rivages se dessinèrent comme un prisme rouge, jaune, brun et vert. C’était le dernier chant de l’été, qui perd ses feuilles empourprées qui disent un adieu mélancolique au vent en tombant sur la terre, ou en étant emportées brusquement dans l’espace. À quelques milles au sud de la ville d’Hudson, sur la rive occidentale, on rencontre le confluent, du Catskill. De là le voyageur peut pénétrer facilement aux pittoresques montagnes des Apalaches les Indiens les avaient nommées Onti-Ora, ou montagnes du Ciel.

Sur la rive droite de l’Hudson, à une des extrémités du canal de la Delaware et de l’Hudson, est Roundout. Cette ville est le débouché des pays du charbon ; j’y passai après midi. Après avoir quitté l’Hudson aux premiers flots de la marée montante, j’eus à lutter contre