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chapitre septième

d’un fer chaud, sur les avaries occasionnées par les bancs d’huîtres, fut l’affaire d’un moment, et mon canot se trouva ensuite aussi vaillant que jamais. L’hôtel « Au Rendez-vous des chasseurs » me fournit un excellent souper d’huîtres frites, de saucisson et de poisson. Devant un bon feu de bois, mon hôte me raconta l’histoire suivante sur l’origine du nom de Murder-Kill : « Lors de l’établissement des blancs dans le pays, ceux-ci faisaient tous leurs efforts pour civiliser les Indiens ; mais les méchants sauvages ne prirent pas la chose du bon côté, et ils firent une guerre à mort aux nouveaux arrivants. À la fin, un grand propriétaire, qui avait une importante concession de terre dans ces parages, pensa qu’il pourrait rétablir la paix. Dans ce dessein, il invita tous les Indiens des alentours à venir entendre parler le Grand-Esprit de l’homme blanc. Le rusé propriétaire attira ainsi les sauvages devant la bouche d’un canon, et il leur dit : « Maintenant, regardez là, dans ce trou, c’est la bouche même du Grand-Esprit de l’homme blanc, lequel va bientôt parler comme un tonnerre. » Le bonhomme mit alors le feu à l’amorce du canon et coucha par terre nombre d’indiens. Les autres furent si effrayés par la grosse voix qu’ils venaient d’entendre que, n’osant plus remuer, ils furent bientôt tous tués par des décharges successives. C’est depuis lors que ce ruisseau a toujours porté le nom de Murder-Kill.

Je découvris ensuite que la même légende était attachée à d’autres localités de la côte. De petits propriétaires habitaient dans le voisinage de cette auberge, Mais la poste aux lettres était à cinq milles dans l’inté-