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EN CANOT DE PAPIER.

On peut faire de soixante à quatre-vingts milles à la rame, en dix heures, aussi facilement que quarante milles, dans les États du Nord, sur un grand fleuve qui n’a que peu de courant. Il y a une classe de voyageurs américains, je regrette d’avoir à le dire, qui font toutes, toutes les capitales de l’Europe avec la même précipitation qu’ils mettent à leurs affaires, et s’ils ont appris quelque chose sur les mœurs des différents pays qu’ils traversent, ils oublient de remercier le compilateur du Guide qui leur a fourni les renseignements sur tout ce qu’ils savent.

Une seule chambre composait le chalet de mon ami, un représentant de cette classe de gens qui vivent dans les bois de pins et qu’on appelle dans le Sud corn-crackers ou crackers, parce qu’ils se nourrissent de pain de maïs. Ce sont les petits blancs du planteur, les blancs de rebut de l’ancien esclave, qui maintenant, dans sa nouvelle qualité d’affranchi, commence à comprendre toute l’importance de sa position sociale.

Ces crackers sont des gens de très-bon cœur, mais peu savent lire ou écrire. Les enfants des noirs, pris de curiosité et d’ambition, fréquentent les écoles en grand nombre quand ils ont moyen de le faire ; mais le blanc, vraiment indolent, semble dépourvu de tout désir d’apprendre, et ses enfants, dans beaucoup de pays du Sud, marchent sur les traces de leur père, sont élevés dans une ignorance presque inimaginable. La nouvelle de l’arrivée de la petite Maria-Theresa au lac Piraway se répandit avec une étonnante rapidité dans les bois, et le dimanche, après le Shouting comme les nègres appellent