Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/292

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chapitre douzième.

En me peignant sous des couleurs brillantes les charmes de son pays natal, il m’invita à venir le visiter. À la fin, comme il était près de minuit, l’aimable marin insista pour me donner sa propre chambre, tandis que lui dormirait sur un sofa dans le salon.

À un mille au-dessus du mouillage du Rurik, on voyait l’usine à phosphate de la Compagnie du Pacifique, qui, au moyen d’alléges, apportait au capitaine Bergelund son fret d’engrais. Le lendemain matin, je pris congé du Rurik ; mais, au lieu de descendre la rivière du Bull jusqu’au Coosaw, j’imaginai, pour gagner du temps, de traverser la péninsule, entre les deux rivières, à l’aide d’un bout de canal construit tout près des mines de la Compagnie de phosphates. Lorsque j’entrai dans le ruisseau du Horse-Island, à onze heures, la marée était tout à fait basse, et je dus attendre, assis dans mon canot, que le flux me permît de me rapprocher du Coosaw. Je perdis ainsi trois heures, sur les bords du canal, à attendre que la marée me fournît un pied d’eau ; puis je ramai dans le second cours d’eau, et il était déjà tard quand j’entrai dans le large Coosaw. Les deux ruisseaux et le canal qui les réunit s’appellent le ruisseau Haulover.

En remontant le Coosaw, je longeai les marais alors submergés de sa rive gauche, où deux dragues repêchaient des débris de monstres marins des temps anciens. Le canot, ayant à la fois en sa faveur une brise fraîche et le courant, arriva bientôt en face des hauteurs que pendant la nuit précédente j’avais tant désiré d’atteindre. C’était le débarcadère Chisolm, en arrière duquel se trouvaient les ateliers de la Compagnie des