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EN CANOT DE PAPIER.

l’usine, un homme du Nord, occupait avec sa famille un très-joli cottage dans le voisinage de la scierie. Les habitants de Doboy, ayant appris par les journaux du Sud la prochaine arrivée du canot de papier, le reconnurent aussitôt qu’il toucha leur île. Je ne pouvais trouver ni hôtel ni logement dans cette colonie d’hommes du Nord, de canotiers et de nègres, et j’allais repartir à la recherche de quelque bouquet d’arbres, lorsqu’un artisan m’offrit le plancher d’une chambre inachevée, dans une maison en construction, où je passai mon dimanche, en tâchant de me reposer et en faisant venir mes repas d’un restaurant tenu par un noir.

Un membre de la famille Spaulding, propriétaire d’une partie de l’île Sapelo, vint me faire une visite, et en me voyant dans une demeure si dépourvue de confort et entouré de milliers de mouches qui envahissaient mes couvertures, il me pressa de retourner chez lui, où il pourrait, disait-il, me recevoir dans une installation plus agréable. Le gracieux M. Spaulding ne savait pas combien j’étais devenu peu sensible à des ennuis tels que la dureté du plancher et les persécutions des moustiques. J’oubliais les ennuis de ce genre devant les souhaits de bienvenue qui m’étaient adressés par tous les habitants du Sud (à bien peu d’exceptions près), dont le territoire avait été envahi par le canot de papier.

Il n’y avait sur l’île qu’un seul lieu consacré à l’exercice du culte, et il était desservi par des noirs. Un neveu du propriétaire de l’île Doboy, originaire de la Nouvelle-Angleterre, m’avait invité à assister aux shoultings. Nous partîmes le dimanche soir, pour nous rendre au lieu de