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EN CANOT DE PAPIER.

comme un animal complètement intimidé. Tous ces sauriens étaient très-jeunes ; très-peu d’entre eux avaient plus de quatre pieds de long. Je n’aurais jamais songé à faire toutes ces investigations, s’ils avaient été de la taille de celui que j’avais vu sur l’île Colonel ; peut-être me serais-je rappelé que la prudence est plus que la moitié du courage, et je les aurais laissés faire en paix leur sieste, au soleil, sur la rive.

Les centaines d’alligators, petits ou grands, que j’ai vus sur les rivières du Sud et de l’Amérique du Nord, fuyaient à la vue de l’homme. L’expérience que plusieurs de mes amis ont acquise dans leurs rapports avec les alligators a été plus sérieuse ; il est bon de prendre ses précautions quand il s’agit de camper, pour la nuit, près de l’eau infestée par ces grands sauriens. Il suffirait à un seul de ces puissants animaux de prendre par la jambe un homme endormi pour l’entraîner au fond d’une rivière ; ils ne semblent jamais avoir peur d’un être endormi, ou qui est couché ; mais, comme la plupart des animaux sauvages, ils fuient devant la fière attitude de l’homme qui se tient debout.

Il était tard, dans l’après-midi, lorsque je passai près d’une île faite par une coupure dans un coude de la rivière Sainte-Marie, et en conséquence des instructions que j’avais reçues, je comptai sur la rivière les quatorze coudes qui devaient me mener jusqu’au bac Stewart, dont le propriétaire occupait une cabane située sur une hauteur dans les bois, mais qui ne pouvait être aperçue de la rivière. Près de ce lieu, habité par des scieurs de bois et des bûcherons, j’amarrai mon