Aller au contenu

Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
148
EN CANOT DE PAPIER.

ses préparatifs d’émigration. Il avait été arrêté avec l’amiral que l’on graverait sur un arbre le nom du lieu où l’on devait se rendre, et que, en cas de détresse, il serait ajouté une croix au-dessus des lettres. Se réunissant avec anxiété autour de cet intéressant souvenir de compatriotes perdus, ils reconnurent ces caractères, mais ne découvrirent aucun vestige de croix. Le petit détachement, poussant plus loin ses investigations, vit bientôt dans le sentier même où il était engagé, un arbre magnifique dont la tête touchait au ciel, comme pour lui rappeler les épreuves de ceux que l’on cherchait. En se rapprochant de ce géant des forêts, qui avait bravé les ardeurs de tant d’étés et les tempêtes de tant d’hivers, ces hommes virent qu’il portait un message pour eux. Dépouillé de son écorce à cinq pieds au-dessus du niveau du sol, on pouvait lire sur le tronc dénudé, et écrit en grandes lettres, « Croatan », et là, comme dans l’autre cas, il n’y avait pas de croix. On en conclut que les colons avaient exécuté leur premier projet, et qu’ils étaient maintenant au milieu de la tribu amie des Croatans. L’équipage du canot se décida, quel que fût alors le lieu de campement de la tribu, à retourner tout de suite à bord, pour recommencer, dès le lendemain, de nouvelles recherches.

Un des navires, en changeant de position dans le mouillage où il ne trouvait pas un abri suffisant, avait été obligé de larguer son câble en laissant son ancre au fond de la mer ; c’était la seconde que l’on perdait. Le vent poussant les navires à la côte, une troisième ancre fut mouillée ; mais la petite flotte se trouvant trop