Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
166
EN CANOT DE PAPIER.

baissait si rapidement que le canot toucha terre, et je dus me mettre à l’eau, car je ne pouvais approcher qu’à quelques pieds du rivage.

À cinq milles de la passe Hatteras, je découvris une hutte de gazon abandonnée, que les pêcheurs occupent au mois de février, lors de la pêche aux aloses, et comme le vent du sud soufflait de la mer, que la pluie tombait, cette cabane dut me servir de refuge pour la nuit.

Cet édifice, à la mode de Robinson Crusoë, est construit sur des terrains bas, près du Sound, tandis que des falaises à l’aspect désolé, abrupt, sans arbre et sans végétation, qui doivent leur forme au vent, s’élèvent sur les arrière-plans. Elles me cachaient la vue de l’Océan qui, à en juger par ses mugissements sourds et mélancoliques lorsqu’il passait par-dessus les dunes, était d’assez mauvaise humeur.

Le canot halé au milieu des broussailles et solidement amarré, de peur qu’une marée perfide ne l’emportât au large, je transportai mes provisions, mes couvertures, etc., dans la hutte, qui avait grand besoin de réparations. Je m’empressai de boucher les trous dans le mur, du côté du vent du sud, avec de la terre, puis je me fis un lit avec les joncs du marais ; il importait peu qu’ils fussent humides ou non, car j’étendis par-dessus un morceau de toile grasse, et mon lit se trouva fait.

On peut se procurer ordinairement de l’eau douce presque partout sur ces côtes plates, en creusant à une profondeur de deux à trois pieds dans le sable. Je commençai donc par chercher une large coquille, et l’ayant bientôt trouvée, je me mis tout de suite à la besogne.