Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/229

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chapitre dixième.

line du Sud), on trouve plusieurs petites passes, mais il n’y a pas sur toute cette distance d’eaux intérieures parallèles à la côte, qui puissent être utilisées par le canotier pour côtoyer le littoral ; il me fallut donc aller plus avant dans les terres, chercher un cours d’eau qui pût me conduire à la baie Winyah. C’est la première entrée par laquelle on pénètre dans le système des ruisseaux et des canaux au sud du cap Fear.

Les arbres de la plantation Nickson cachaient à ma vue la maison du propriétaire ; mais au moment où je balais mon canot sur la côte, un troupeau de porcs vint au-devant de moi avec d’aimables grognements, comme si les sentiments hospitaliers de leur maître se fussent inoculés à toute la troupe, et la nuit se faisant de plus en plus noire, ils me servirent de guides jusqu’à la porte du planteur, où le capitaine Mosely, qui avait fait partie de l’année confédérée, me reçut avec une cordialité toute militaire. « La guerre est finie, me dit-il, et tout homme du Nord est le bienvenu pour partager ce qui m’est reste. » Jusqu’à minuit, cet officier intelligent me raconta une multitude d’anecdotes du temps de la guerre, et les dangers auxquels il avait échappé comme par miracle, etc., etc. Son empressement à empiler des morceaux de bois dans la cheminée transformée en véritable fournaise interrompait seule la conversation. Il m’apprit, entre autres choses, que le capitaine Maffitt, de la marine confédérée, demeurait à Masonboro, sur le Sound, et que si j’allais le voir il me fournirait, en sa qualité d’ancien officier des ingénieurs hydrographes, un grand nombre de renseignements géographiques précieux et