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chapitre quinzième.

Dans ce cas exceptionnel d’une panthère (felis concolor) attaquant l’homme volontairement, celui qui étudie l’histoire naturelle devra remarquer que la victime était couchée par terre. Il est probable que l’animal n’aurait pas quitté son poste d’observation dans les branches du chêne, où évidemment il attendait l’approche du daim, si l’homme eût été debout. Allez à un bayou du Sud, que peut-être personne n’a jamais visité et ou les sauriens qui l’habitent n’ont jamais été inquiétés, couchez-vous par terre sur le bord d’un étang et attendez jusqu’à ce qu’un grand alligator se montre lentement à la surface de l’eau. Il vous regardera pendant un moment avec une curiosité évidente, et bien souvent il approchera de vous sans peur. Quand le monstre sera à une vingtaine de pas, levez-vous alors lentement sur les pieds jusqu’à ce que vous ayez développé toute votre taille, et l’alligator des États du Sud (alligator Mississipiensis), neuf fois sur dix, s’enfuira avec précipitation.

Bien peu d’animaux sauvages attaqueraient volontairement l’homme quand ils se trouvent en face de lui et qu’il est debout. Dans tous les exemples que j’ai pu connaître et où le fauve s’est risqué à lutter contre l’homme, c’est parce qu’il n’avait aucun moyen de fuir, ou qu’il avait ses petits à défendre, ou bien qu’il avait été blessé par le chasseur.

Il était près de dix heures du matin, le vendredi 29 mars, quand notre joyeuse bande quitta le Old-Town-Hammock. Ce jour était destiné à voir la fin du voyage en canot de papier, car ma petite embarcation