Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/358

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chapitre quinzième.

noirs employés sur les rizières. La morsure du water-moccasin est excessivement venimeuse ; elle est considérée comme plus dangereuse que celle du serpent à sonnettes, qui avertit l’homme de son approche par le bruit de ses anneaux. Le water-moccasin diffère en cela du serpent à sonnettes ; il n’attend pas qu’on l’attaque, mais il prend l’offensive quand l’occasion s’en présente, frappant de ses crocs tous les objets animés qui sont à sa portée. Les autres espèces de serpents fuient sa présence. On le rencontre dans le Nord jusqu’au Pedee de la Caroline du Sud. Le Suwanee ayant inondé ses rives, en aval de Old-Town-Hammock, les serpents s’étaient remisés sur les branches basses des arbres et sur les branches élevées des broussailles, où ils semblaient dormir à la chaleur du beau soleil ; mais comme je côtoyais la rive à quelques pieds seulement de leurs lits aériens, ils découvrirent ma présence et s’enfuirent paresseusement dans l’eau. Nous pouvons dire sans exagération que nous avons rencontré des milliers de ces dangereux reptiles en descendant le Suwanee. Le bateliers m’ont raconté que lorsqu’ils traversent les lagunes dans leurs canots faits d’un seul tronc d’arbre, s’ils aperçoivent un water-moccasin à quelque distance de la terre, il entrera dans le canot pour s’y réfugier ou pour se reposer. Dans certains cas, le batelier effrayé saute par-dessus le bord et gagne la côte en nageant, afin d’échapper à ce redoutable reptile.

Le seul point digne d’être cité entre Old-Town-Hammock et les marais du golfe est le débarcadère Clay, sur la rive gauche du fleuve, où madame Tresper de-