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GRÉCO-LATINES


saignés comme des porcs. Alors, le seigneur salua sa femme et lui dit :

— « Madame, vous voyez comme je travaille. Que me donnerez-vous en paiement ?

— Pauvre, je te donnerai la moitié de mon bien.

— Madame, ce n’est pas assez. Il faut que vous soyez ma femme.

— Non, pauvre. Jamais je ne serai ta femme.

— Madame, vous voyez comme je travaille. Dites non encore une fois, et je vous saigne aussi, vous et votre enfant.

— À la volonté du Bon Dieu. Non. Je n’ai pas voulu de ces trois galants. Je ne veux pas de toi. Saigne-nous, moi et mon fils.

— Madame, j’aurais tort, car vous êtes ma femme, et cet enfant est mon fils.

— Pauvre, si je suis ta femme, si cet enfant est ton fils, prouve que tu as dit vrai.

— Femme, voici la moitié de mon contrat de mariage. Montre la tienne.

— C’est vrai. Vous êtes mon mari. »

Alors, le seigneur embrassa sa femme et son fils. Tous trois se mirent à table, et soupèrent de bon appétit. Au dessert, le Diable arriva, juste au moment où le seigneur finissait une assiettée de noix.

— « Ah ! tu es là, Diable. Il te tarde d’être