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CHÂTIMENTS


Maintenant, mère, je suis en état de gagner gros. Vous ne travaillerez plus que si cela vous plaît. Sans vous commander, mère, allumez le feu. Préparez le gril, et mettez sur la table une miche de pain, avec un piché[1] de vin. J’apporte la viande, pendue à un croc de ma ceinture de fer.

— Jésus ! Maria ! Mon fils, c’est une peau de chrétien.

— Mère, c’est la peau du Forgeron du Pont-de-Pîle. Il n’était pas de la race des chrétiens. Vous ne le reverrez jamais, jamais. »

Une heure après, la peau était cuite et avalée.

— « Et maintenant, Forgeron du Pont-de-Pîle, tâche de venir chercher ta peau dans mon ventre. »

Alors, l’Apprenti rajusta sa paire de grandes ailes légères, légères comme la plume, et prit sa volée, cent fois plus vite qu’une hirondelle. En cinq minutes, il était devant la porte de la chapelle du château de Lagarde, où sa maîtresse dormait enterrée. D’un coup d’épaule, il enfonça la porte. Cela fait, il alluma un cierge à la lampe qui brûle nuit et jour en l’honneur du Saint-Sacrement, enleva comme un liège la pierre du caveau, sauta dedans, et arracha le couvercle de la bière de sa maîtresse.

  1. Mesure locale, contenant deux litres.