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CONTES DIVERS

nous lâchaient les chiens dans les jambes. Maintenant, te voilà gueux. Tu t’es mis sur la paille, à ribotter avec des fainéants et des gourmands. Mais il y a un Bon Dieu au ciel. Le Bon Dieu est juste, et tu es à l’aumône comme nous. »

Tout cela ne dura guère. Le Valet noir arrivait au grand galop de son cheval, une barre de chêne à la main, avec une meute de chiens, hauts et forts comme des taureaux.

— « Hardi, mes chiens ! Css ! css ! Mordez-les ! Tiens, ivrogne ! Tiens, cochon ! Tiens, voleur ! Attrapez cela, et mettez-y du sel[1]. Ah ! vous insultez le Prince des Sept Vaches d’Or. Pan ! pan ! »

Et le Valet noir frappait, à grand tour de bras, sur les nobles, sur les bourgeois et sur les pauvres. Quand tout ce sale monde fut loin, il descendit de cheval, et tira son berret.

— « Prince des Sept Vaches d’Or, vous n’êtes plus ici chez vous. Montez sur ce cheval. Il vous portera au logement que je vous ai préparé.

— Je ne vais pas chez un homme que j’ai chassé comme un voleur.

— Prince des Sept Vaches d’Or, je vous ai volé,

  1. Atrapo-t’aco, e bouto-t’i sau. Phrase ironique et populaire, à l’adresse de celui qu’on maltraite.