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LE BON DIEU, LA VIERGE, LES SAINTS

pelier, et qui depuis est passée à Clerc, le tailleur[1]. D’ailleurs, tout le monde vous attestera que je dis vrai.

Le chef des juifs et des païens avait une fillette de quinze ans, appelée Foi, une fillette belle comme le jour, et honnête comme l’or. Sans que son père en sût rien, Foi s’était fait baptiser. Par elle, les chrétiens étaient avertis chaque jour des dangers qui les menaçaient.

Foi faisait aussi de grandes aumônes, aux dépens de la table de son père. À dîner comme à souper, elle trouvait toujours moyen d’emporter, chaque fois, deux ou trois plats sous son tablier. Le père jurait à faire frémir, et tombait, à grands coups de bâton, sur ses servantes et ses valets.

— « Canailles ! voleurs ! gourmands ! Vous me ferez mourir de faim. »

Les valets et les servantes supportaient tout, par amitié pour Foi. Mais un jour, une vieille gueuse parla.

— « Maître, nous ne sommes ni des canailles, ni des voleurs, ni des gourmands. Si vous mourez de faim, la faute en est à votre fille qui, à dîner comme à souper, trouve chaque fois moyen d’emporter de votre table, sous son tablier, deux ou trois plats pour les pauvres.

  1. On y montre encore la prétendue chambre de sainte Foi.