Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 3, 1886.djvu/337

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
321
Les gens d’Église

VI. — Le curé de Lagarde était royaliste. Après la Révolution de 1830, il se trouva forcé de chanter, chaque année, le jour de la fête du roi[1], « Domine, salvum fac regem nostrum Ludovicum Philippum, etc. » Voici comment le curé s’y prenait :

— « Domine, salvum fac regem nostrum… — Broum broum broum. Atchoum ! atchoum !… — et exaudi nos in die, etc. »

À l’oraison de la fin, c’était un mélange de latin et de patois.

— « Qæsumus, ut famulus tuus Ludovicus Philippus, rex noster, — o be, plan[2], — qui tua miseratione suscepit regni gubernacula, — qu’es pas lou soun[3], — virtutum etiam omnium percipiat incrementa, — n’a plan besoun[4], — quibus decenter ornatus, etc. »

Le maire, chargé de surveiller le curé, ne se méfiait de rien, et prenait tout cela pour du latin.

VII. — Un dimanche, le curé de Lagarde prêchait sur la tentation de Jésus-Christ.

— « Alors, mes bien chers frères, le Démon

  1. Le 1er  mai, jour de la Saint-Philippe.
  2. Oui, bien.
  3. Le royaume n’est pas à lui.
  4. Il en a bien besoin.